Consolamini, consolamini, popule meus…
St Paul reprend ici une action divine déjà évoquée par Isaïe[1].
Consolare, consoler.
Parakalein, en grec ; Jésus est le premier consolateur, qui annonce, mérite et envoie le 2ème Paraclet, le St Esprit.
Iqutol, en hébreu. Ce verbe affirme que Dieu a consolé, console, et consolera comme et quand il faut.
On pourrait donc appeler ce 2ème dimanche, le jour de la consolation.
Qu’est-ce que la consolation spirituelle?
Une joie, mais pas n’importe laquelle… profonde, intérieure, forte, durable.
La cause de cette joie? Voir la présence de Dieu en toutes choses. Les dons d’intelligence et de science nous aident. Même la douleur – par exemple pour ses péchés – peut devenir un motif de consolation[2]. « Bienheureux les affligés, ceux qui pleurent, car ils seront consolés ».
La qualité de cette joie ? Profonde, intérieure, et douce. La consolation est un mouvement intime qui touche au plus profond de nous-mêmes. (…) douce, délicate comme une goutte d’eau sur une éponge[3]… ce n’est pas une euphorie passagère.
L’effet ? Une force. elle renforce la foi et l’espérance, ainsi que la capacité à faire le bien.
(…) La consolation concerne avant tout l’espérance, elle est orientée vers l’avenir, elle met sur le chemin, elle permet de prendre des initiatives qui jusqu’alors avaient toujours été reportées, ou même pas envisagées.
Mes consolations, vraies ou fausses ?
Il y a un gros malentendu. Nous confondons le bien être et la vie intérieure, le développement personnel et l’union à Dieu. Le monde déjanté dans lequel nous vivons n’aide pas à faire la différence !
La pierre de touche n’est donc pas le sentiment, l’impression, la bonne apparence seule. C’est possible, agréable peut-être, mais pas suffisant.
La pierre de touche, c’est de chercher et trouver Dieu en tout, de l’attendre avec ou sans consolation. On le cherche en acte, sans à coup, à vitesse constante, si je puis dire.
Conduite à tenir.
Goûtez donc la consolation spirituelle, mais en passant.
Recevez-la humblement aussi ; en effet, on apprend vite ce qu’on vaut lorsque Dieu retire, non sa présence et sa grâce, mais sa consolation !
Faites provision pour les temps de désolation. Sachez-le ; Il restera présent, Il agira, sanctifiera aussi, de manière moins sensible.
Souvenez-vous alors des consolations passées ; comment ? Avec gratitude et détachement – sans dépit, sans retour sur soi, sans amertume consentie. Purificatis mentibus tibi servire…Seigneur, vous servir avec un cœur purifié[4] ! Laissez-le faire. Dieu sait de quoi j’ai besoin, Dieu sait ce que je peux porter, avec sa grâce.
Et en attendant, perséverez. Accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis. Ni Dieu ni le prochain ne se consomment et se jettent comme de vulgaires utiles.
Tel service ou exercice de piété ne m’amuse plus, telle compagnie m’ennuie, tel prochain m’est à charge…mon état de vie, mes devoirs, ma place dans l’Eglise catholique…
Vraiment… C’était mieux avant.
Vraiment… c’est dur, c’est nul, maintenant.
Bon… Et après ? Et maintenant ? Car c’est maintenant que Dieu visite, c’est pour maintenant, dans l’instant présent, que Dieu donne sa grâce !
Alors, Seigneur, donnez-moi de vous chercher et de vous trouver en toute chose, avec ou sans consolation, amen !
[1] Chapitres 40 à 55, le Livre de la consolation.
[2] Pape François, 23 novembre 2022.
[3] cf. saint Ignace de L., Exercices spirituels, 335
[4] Collecte du 2ème dimanche de l’Avent.