Sermon pour la Chandeleur
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit, amen!
Mes chers enfants,
la fête de ce jour nous fait voir le très grand, dans le très petit. Le très haut, dans le très humble.
Le Christ Lumière du monde, dans un petit objet béni, un sacramental; la chandelle.
Que c’est beau! La cire blanche de la chandelle représente le Corps très pur de Jésus – la mèche dans la cire, son Ame sainte. La flamme qui brille et brûle, c’est la divinité de Jésus.
Comme Marie et Joseph, nous avons fait procession en portant cette lumière du Seigneur. Comme Saint Syméon et Sainte Anne, nous avons acclamé le Seigneur dans son Temple, son lieu saint. Cette église représente l’Église catholique.
Demandez et retenez surtout la grâce de cette fête.
Vous avez reçu et porté la lumière visible. Elle rappelle la lumière du cierge du baptême. Recevez et portez sans reproche la lumière invisible du Seigneur; l’état de grâce, la foi, l’esperance et la charité. Et comme la flamme se communique d’un cierge à un autre, soyez lumière du Seigneur pour ceux qui vous entourent; à la maison, à l’école, partout!
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Suscepimus Deus misericordiam tuam…
Nous avons reçu votre miséricorde, Seigneur, au milieu de votre Temple saint.
Quelle est cette miséricorde ? Quel en est l’effet ? La recevons-nous et comment ?
Quelle est cette miséricorde ?
Le Christ est la divine Miséricorde manifestée au monde. Il apporte encore à ce monde les effets de la miséricorde. Il vient éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres, à l’ombre de la mort, et conduire nos pas dans la voie de la paix1.
Cette présentation au temple est l’offertoire de son sacrifice.
Déjà, dès son entrée dans le monde, le Christ est « en état de sacrifice », en forme de croix, de messe. « Vous n’avez pas voulu de sacrifices, mais vous m’avez formé un corps. Alors j’ai dit ; voici, je viens, ô Dieu pour faire votre volonté ». Nouvel Adam, le Christ fait, il refait, il répare ce qu’Adam avait défait par le péché originel. Et le péché d’Adam a passé en toute l’humanité, la rendant incapable d’offrir à Dieu le culte qui lui est dû. Incapable de donner l’adoration juste et parfaite. Incapable de l’exprimer dans le sacrifice agréable à Dieu.
Mais voici qu’Il vient, pour notre purification. Il vient nous rendre capables d’offrir à Dieu ce qui est juste, saint, digne de Lui. De manière bien différenciée, les fils de Lévi, ce sont les fidèles baptisés et les prêtres. Ils sont dédiés, consacrés au culte du Seigneur. Les prêtres sont consacrés pour offrir à Dieu le sacrifice au nom de tous les hommes – et les fidèles pour co-offrir. Plus qu’une prouesse technique, une simple présence physique, un code ou une obligation, voilà le fondement de notre participation à la Messe.
Donc nous avons reçu la miséricorde, en personne. Mais quel est précisément l’effet de cette miséricorde?
– Dieu n’a pas supprimé, oublié ce pour quoi l’homme était fait; offrir au Seigneur un culte digne de Lui. Dieu est exigeant.
– Il n’a pas fermé les yeux, effacé hâtivement l’offense infinie du péché. Dieu n’est pas faible.
– Il n’a pas non plus laissé l’homme à son incapacité. Dieu n’est pas dur, Il est bon.
C’est bien mieux ; sa miséricorde donne à l’homme de quoi rentrer dans la justice de Dieu. A grand prix. Nous voici aptes désormais à offrir ce sacrifice de Juda et de Jerusalem, agréable au Seigneur comme aux jours anciens. Il s’élève et descend admirablement, comme la chandelle du rugbyman.
Il s’élève.
– Sacrifice d’adoration où se dit notre dépendance totale et amoureuse envers Dieu
– sacrifice de louange où se chante notre gratitude pour la grandeur de Dieu et de ses bienfaits
Il descend.
– sacrifice de propitiation agréable au Seigneur, il compense surabondamment pour le péché des hommes.
– enfin sacrifice d’impétration, il obtient puissament de Dieu notre nécessaire spirituel et temporel.
Ce sacrifice est proprement celui de Jésus.
A ce sacrifice est joint celui de toute l’Église.
A ce sacrifice nous joignons nos propres sacrifices.
Voilà ce qui se réalise à l’offertoire de la Messe.
Recevons-nous la miséricorde? Bien, assez? Autant que nous le devons, que nous le pouvons?
La question de cette fête est bien simple. Quelle est notre participation à la Messe? Fréquence. Qualité, extérieure et intérieure.
Lors du confinement, nous avons soupiré après la Messe, revendiqué et demandé le retour de la messe, l’accès à l’église. Et après? Et maintenant?
On parle (ah, oui, on parle!) d’interdiction et de restriction de la messe traditionnelle… ailleurs on constate la réduction du nombre de messe. Et en attendant, est-ce que je profite de la messe autorisée et accessible chaque jour si facilement, trop facilement? Cela demande pas moins qu’un examen de conscience, et sérieux.
A l’heure de la Messe, qu’ai-je de mieux à faire que ce mieux-là?
Et si je peux déplorer les statistiques de pratiquants, Dieu ne déplore-t-il pas mon peu de pratique?
Quand ai-je ouvert un missel pour la dernière fois? La chorale, le service d’autel, c’est une prestation de service par et pour d’autres, ou une possibilité pour moi?
Enfin, parler de la Messe, étudier la messe, regarder des photos ne suffit pas. Il faut s’y insérer, et le plus possible. Il faut y venir. Il faut entrer tout entier dans l’offertoire de la Messe, comme la goutte d’eau dans le calice. C’est un bon repas qui nourrit, et non de regarder Top chef. De même c’est de participer régulièrement et bien à la Messe qui sanctifie, pas de voter pour ou contre sur Internet.
Je vous exhorte donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable, logique2. Amen!
1Benedictus, Cantique de Zacharie (Luc I, 69-78 et ordinaire des Laudes).
2Romains, XII, 1.