Chers amis,
Le sous-titre de cet article vous parlera sans doute d’avantage… Le voici donc : « Et pourquoi nous desirons et demandons d’y participer de nouveau au plus tôt ».
Il y a bien des raisons…
Mais les meilleures, les plus larges, les plus recevables sont celles que l’Eglise rappelle. Et je crois bien que le désir des fidèles rejoint ici celui de l’Eglise, et celui du Christ. Alors modestement je mettrai seulement quelques mots là-dessus. Pour le reste, je ne peux qu’encourager à soutenir les initiatives demandant le rétablissement de la participation au culte, l’accès à la messe dominicale et aux sacrements… Il y a cette supplique en cours, la proposition d’appeler son évêque, de se grouper autour de textes et de demandes portées aux autorités civiles.
https://www.lesalonbeige.fr/supplique-aux-eveques-de-france-donnez-nous-la-messe/
C’est constructif, c’est responsable, ça n’empêche pas l’esprit filial. Après tout un enfant ose bien interpeler respectueusement son père pour lui demander ce qui relève, non du caprice, mais du besoin, et du besoin le plus haut!
D’abord le Christ est présent surtout1 dans la liturgie.
Et c’est vrai de bien des manières ; les voici dans un ordre « décroissant »:
- Présence active ou dynamique dans l’acte central de la Messe. Le sacrifice eucharistique est un acte du Christ. Il en est (toujours) le Prêtre principal, et la victime offerte. Le père untel ou l’abbé Dupont n’est que son instrument.
- Présence ontologique dans son prêtre, « autre Christ », agissant « in Persona Christi Capitis – en la Personne du Christ Tête », selon la belle expression classique, reprise par notre évêque au Jeudi Saint.
- Présence maximale, « substantielle », dans la Sainte Eucharistie. « Il est là », éminemment. Il est là tout entier, avec son Corps, son Sang, son Ame et sa Divinité, sous les apparences visibles du pain et du vin.
- Présence dynamique dans les sacrements. C’est toujours le Christ qui baptise (baptême), qui absout (confession), qui guérit et purifie l’âme (onction des malades), qui fortifie par son Esprit aux 7 dons (confirmation), qui consacre et configure (ordination sacerdotale), qui unit et joint le couple de l’homme et de la femme et bénit le commencement d’une famille (mariage).
- Présence spirituelle dans sa Parole ; on proclame sa Parole dans la sainte liturgie ; à la Messe (Epitre et Evangile), d’où les marques d’honneur qui l’accompagnent ; lumières, encens, veneration du texte, beauté du livre liturgique, ministre spécial (diacre ou sous diacre), station debout des fidèles à l’Evangile.
- Prière! On la proclame encore dans l’office divin, qui n’est plus seulement écho de la Parole du Christ, mais prière même du Christ. Prière incarnée, allumée sur terre par le Seigneur. Prière parfaite, prolongée au fil des siècles par son Eglise, par ses consacrés, et par les fidèles qui s’y associent. Prière qui joint nos prières personnelles, les dépasse, et perfectionne nos pauvretés ou nos distractions…: « Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20).
C’est donc toujours le Christ qui est au centre, au cœur de la liturgie.
Cette œuvre de l’Eglise est christocentrique. Elle a un double mouvement ascendant et descendant ;
- elle fait monter vers Dieu par Jésus Christ le culte qui lui est dû ; prière et sacrifice.
- Elle fait descendre sur le monde et les âmes un torrent de grâces.
L’échelle de Jacob joignait la terre et le ciel, et les anges y faisaient un incessant va-et-vient, montant et descendant. Ainsi de la liturgie, échelle sacrée mise à notre disposition de pauvres créatures. « Par conséquent, toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et au même degré2 ».
Ce n’est pas la seule activité de l’Eglise3, mais c’est la meilleure.
La liturgie est source et sommet de la vie de l’Eglise4.
Il y a bien sûr aussi l’enseignement, le gouvernement spirituel, l’évangélisation… Soit (Romains, X, 14-15). Mais tout cela vise et tend à un retour à Dieu, à un hommage, un culte à Lui rendre.
En retour, la messe se termine par un envoi ; Ite missa est. Nous avons à retenir et faire fructifier dans la vie ce que nous avons reçu dans la liturgie.
- Unité de foi, d’esperance et de charité ; garder « un seul coeur et un seul esprit », après avoir prié en un seul lieu et d’une seule voix !
- Diffusion et rayonnement sur le parvis et dans la semaine de la charité puisée à l’autel.
- Cohérence avec la sainteté de ce que l’on a reçu5. Nous ne sommes pas des privilégiés, nous sommes des pauvres comblés. La messe et les sacrements ne sont pas notre récompense, même si nous respectons les conditions pour nous en approcher. Pas une récompense, mais un besoin spirituel, un besoin vital… Car la grâce est une vraie vie!
- Enfin, vie « en état de Messe« 6. Cela donne une couleur, une valeur, une portée particulière à nos joies et nos peines, nos prières, nos actes de charité ou de pénitence, nos fidélités de ce temps de confinement mêmes !
Pour finir…
Alors nous nous réjouissons des initiatives spirituelles de ce temps de confinement.
Et nous patientons pour pouvoir de nouveau être « ensemble, tournés vers le Seigneur » dans la liturgie.
Mais nous désirons et demandons que ce droit nous soit reconnu et rendu, en harmonie avec les conditions actuelles et les contraintes pratiques.
Nous tenons à la santé publique, certes. Mais nous tenons aussi et plus encore à la santé surnaturelle de l’Eglise et de nos âmes.
Et parce que nous sommes pauvres de Dieu et devant Dieu, nous voulons redire cette soif, ce besoin de nos âmes, sans négliger les autres moyens ou suppléances que l’Eglise nous propose. Nous voulons y être attentifs autant que nous le sommes à vivre la charité et l’entraide mutuelle.
De tout cœur, nous portons ce vœu filial auprès de nos supérieurs dans l’Eglise.
Et nous portons cette demande, ce droit légitime et son exercice adapté aux décideurs civils et aux autorités actuelles de notre pays.
Vive la joie,… quand même, et quoi que Dieu donne !
(St Théophane Venard).
1 Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, n° 7.
2Idem.
3Idem, n° 9.
4Idem, n° 10.
5Idem, n° 11.
6Idem, n° 12.