Je suis le Bon Pasteur…
Pour Jésus, dire cela, c’est affirmer ; Je suis le Messie. C’est dire ; le Bon Pasteur que Dieu devait envoyer pour prendre soin de ses brebis… C’est moi.
Le Bon Pasteur est au milieu de ses brebis.
D’abord parce qu’il a été choisi parmi les brebis, « pris d’entre les hommes pourêtre établi en leur faveur, dans leur relation avec Dieu ». Il y a un seul Médiateur principal, le Christ. Il y a ensuite, dépendant et dérivant de Lui, des médiateurs secondaires et subordonnés ; la Vierge Marie, le prêtre, les prophètes, hommes de Dieu, prédicateurs, les autorités spirituelles et temporelles. Le Christ appelle, hier, aujourd’hui et demain, des hommes ;
«Tu es pécheur, veux tu être sauvé ?
Veux-tu aussi m’aider à sauver des âmes; la tienne, celle des autres ?».
Ensuite, le Christ Dieu, suprêmement au-dessus de nous, se fait aussi Homme, proche de nous. Son sacerdoce, son être de Prêtre est un prolongement de son incarnation. Puis tout prêtre est un prolongement de l’Incarnation du Christ Prêtre. Il continue, ici et maintenant, le sacerdoce de Jésus.
Après la chute, le déploiement du péché et de ses conséquences dans l’humanité, l’extension du mal dans le nombre, le lieu et le temps… Dieu n’ouvre pas un compte Tweeter ou Facebook (ou autre) pour être rejoint et liké. Non… Dieu vient. En personne. Dieu s’incarne. Dieu revêt notre chair et prend notre condition. « Je vais prendre soin moi-même de mes brebis » (Ez 34).
Comment le prêtre prolonge-t-il le Sacerdoce du Christ?
Le mot de prêtre évoque un visage, une personne, une voix, des talents, des qualités, le souvenir de grâces reçues. Mais peut-être, aussi, des défauts vrais ou supposés, des faiblesses, des incompréhensions, des déceptions, des chutes.
Redisons surtout ce que Dieu attend de Lui, ce que Dieu aime et voit en Lui. Et demandons-lui la même chose ; être un lion en chaire, un ange à l’autel, un agneau au confessional.
Lion en chaire. Par sa prédication, le pasteur éclaire, guide, encourage, conseille, reprend les âmes… Parfois à son insu. Un jour, la parole du prêtre aura résonné à l’oreille et au cœur, en écho du Verbe même de Dieu. En son temps, cette parole portera son fruit. Alors le prêtre doit être héroïquement fidèle à l’enseignement du Christ et de l’Eglise ; homme de verité. Il reçoit d’abord, dans le silence, la prière, l’étude, le contenu du Magistère. C’est le séminaire, temps de formation, de préparation humaine, spirituelle, doctrinale. Et ensuite il donne ; il prêche, en parole et en exemple. Jésus le premier, a enseigné et mis en pratique. Cette prédication de la verité est un rugissement dans un monde de mensonge. Cette affirmation claire et ferme, inlassable, de la doctrine du Christ et de l’Eglise peut déranger dans un monde de relativisme. Ce maintien, cette défense des droits de Dieu, de la majesté divine, du sacré, c’est une provocation, face au rouleau compresseur de la sécularisation (évacuation du sacré). Cette correction evangélique, avec patience et souci d’instruire, peut heurter ce qu’il y a de contraire en nous et autour de nous ; égoïsme, indifférence, mondanité.
Ange à l’autel. Les anges adorent et servent Dieu, dans le ciel et sur la terre. Ils sont sa garde rapprochée, son escorte. Sur la terre, c’est la fonction du prêtre, en premier lieu. Tourné vers Dieu, il Lui porte, de notre part, la prière et le sacrifice parfait – contrepoids formidable, compensation surabondante pour le péché du monde. Il récolte, il « collecte » nos prières, nos sacrifices, nos besoins spirituels dans son cœur, sa pensée, ses mains. Il les offre dans les oraisons, l’offertoire et la consécration de la Messe. Puis, tourné vers nous, il nous donne les biens divins, les verités de la foi, la grâce du sacrifice eucharistique et de la communion. Sacer-dos, don des choses sacrées à Dieu, et aux âmes.
Agneau au confessional. Comme son Maître, le prêtre n’est ni complice, ni indifférent devant le péché du monde. Mais il s’en fait solidaire. Seule la charité vraie rend cela possible. Jésus n’était ni atteint, ni contaminé par le péché des hommes. Mais il s’en est chargé. Le prêtre, lui, connait le confessional… avec ses 2 entrées. Il est l’homme du pardon divin, de la miséricorde reçue et donnée. Non pour supprimer, violer, minimiser les exigences de justice et de sainteté divine, mais pour y correspondre de nouveau, et mieux. Le Christ dit la verité, appelle à la pénitence (Venez voir un homme qui m’a dit ce que j’avais fait, s’exclame la samaritaine), promet la miséricorde, provoque la contrition, attend le retour du prodigue.
Ainsi le prêtre prolonge le Christ Prêtre et exerce son sacerdoce.
Pour terminer, quelques aspects pratiques ;
- Quelle estime ? Non seulement du sacerdoce, ou du prêtre, mais de tel prêtre, de nos prêtres? (car « le prêtre en général » n’existe pas…) Ce sacerdoce qu’ils portent surpassera toujours ce que l’on en supporte… Cet homme est plus ou moins aimable, agréable, supportable, mais son ministère peut un jour sauver ma vie. Ma vie intérieure, ma vie éternelle. Homme familier, mais aussi Homme de la prière et du sacrifice – homme de la verité et de la charité, de la justice et de la miséricorde.
- Puis, quelle attitude envers lui? Il est Pasteur. Et non prestataire de service, intermittent du spectacle, ou professionnel au chômage partiel. Il est Veilleur auprès de nos âmes. Voilà ce qui est intéressant entre le prêtre et nous. Aussi on peut et doit déranger son pasteur. S’il n’en est pas ainsi, alors je le plains, et je vous plains. Je le plains, parce qu’il vit à côté de ce qu’il est – et je vous plains, parce que vous êtes des brebis errantes sans pasteur. Dérangez-le. A bon escient, soit. En y mettant les formes, pourquoi pas… Mais ce faisant, vous faites du bien à votre âme… et à la sienne. La grâce visite souvent le pasteur sous forme de dérangement miséricordieux, comme d’ailleurs les parents et tous ceux qui ont reçu autorité ou responsabilité.
Seigneur Jésus, Prêtre parfait,
donnez-nous beaucoup de saints prêtres,
gardez-nous fidèles à Vous seul, à travers eux. Amen.