Mes biens chers frères et soeurs,
Quel à propos, quelle justesse dans les textes du jour! Avec St St Thomas et le catéchisme, révisons donc, par ordre alphabétique;
Autorité, bien commun, liberté, lois, obéissance, et… païen…
A COMME AUTORITE
Par amour de Dieu, soyez soumis aux autorités humaines, au prince et à son délégué pour le maintien de l’ordre. Autorité est une force morale, fondée sur la liberté et le sens de la responsabilité1. C’est une chose sacrée, puisqu’elle participe de l’autorité même de Dieu. Mais en cas de décisions injustes, l’autorité devient simple pouvoir, ou… abus de pouvoir, oppression2. Le style souriant n’y change rien.
B COMME BIEN COMMUN
C’est l’ensemble de conditions qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée dans la société3… Justement, le culte fait partie de la vie des individus et de la société en vue de sa perfection. Alors les conditions du bien commun intègrent le culte autant que la santé publique. Ce n’est pas l’un ou l’autre! Même en régime de laïcité4, l’Etat protège (théoriquement) l’exercice du culte dans les limites de l’ordre public. Et nous sommes prêts à accepter ces limites, à faire avec ces normes, ces contraintes ! Nous ne sommes plus des enfants, sinon devant Dieu! Mais la suspension prolongée de tout rassemblement dominical, la répression des justes dérogations ne préserverait plus le bien commun en l’état actuel. Ce serait un abus du principe de précaution, un déni du principe de responsabilité.
L COMME LIBERTE et LOIS
Liberté. Soyez soumis mais comme des hommes libres, des serviteurs de Dieu.
Les lois, les règles humaines sont utiles, nécessaires – elles ne sont pas absolues5. Suspendre pour tous et sans raison l’exercice d’un droit essentiel est, authentiquement, une violence. Evidemment, la violence de cette mesure et la protestation sont moins spectaculaires que si l’on fermait tous les commerces ou grandes surfaces… Saluons néanmoins les évêques qui ont protesté et poursuivent des négociations avec le pouvoir civil. Prions pour eux!
O COMME OBEISSANCE
Obéissance oui, mais éclairée, et non aveugle. Elle ne détruit pas la liberté vraie, c’en est la forme la plus haute. C’est l’attitude d’hommes libres, esclaves de Dieu seul; non un réflexe inintelligent, conditionné, du «Chien de Pavlov».
P COMME PAÏEN
Au milieu des païens, conduisez-vous de manière irréprochable.
Ce qui est sûr, c’est qu’on sort plus fort d’une épreuve.
Ce qui reste à savoir, c’est; Qui sortira plus fort? Ce premier païen qui est en moi, ou ce chrétien que je suis, fidèle baptisé, prêtre?
«Je vis au milieu d’un monde païen. Et un païen survit au milieu de moi, un vieil homme dont parle St Paul… Très facilement, je puis penser, parler, agir comme si Dieu n’existait pas,n’était pas présent, comptait pour rien. Comme si vous et moi n’étions plus enfants de Dieu, appelés ensuite à la cohérence entre ce que l’on est, et ce que l’on fait».
L’accès au culte, à la prière publique, à la prédication de la foi, aux sacrements – l’entraide entre chrétiens, frères dans la foi – la confiance, la compréhension envers les pasteurs légitimes peut être réduite, difficile. Soit. Mais… pas disparue ou impossible! Restez vigilants, inventifs, audacieux, courageux, organisés pour puiser aux sources de la vie chrétienne.
Ce qui est sûr, c’est qu’on sort plus fort d’une épreuve.
Ce qui reste à décider avec la grâce de Dieu, c’est; Qui sortira plus fort?
ce premier païen qui est en moi, ou ce chrétien que je suis, fidèle baptisé, prêtre?
Ce sont vos choix, vos décisions, vos actes intérieurs et extérieurs qui répondront.
P COMME PRIERE
Si votre prière s’étiole, se rétrécit, devient floue, alors reprenez l’oraison de ce jour, forte, large et nette;
Donnez-moi Seigneur
de m’attacher fidèlement à ce qui est digne d’un chrétien
et de rejeter tout ce qui est contraire, amen.
1 CEC 1902.
2 « En pareil cas, l’autorité cesse d’être elle-même et dégénère en oppression ». (CEC 1903 citant St Jean XXIII, Pacem in terris).
3 Gaudium et Spes. « L’autorité ne s’exerce légitimement que si elle recherche le bien commun du groupe consideré et si, pour l’atteindre, elle emploie des moyens moralement licites« .
4 où l’Etat ne reconnaît et subventionne théoriquement aucun culte.
5 St Thomas d’Aquin, I-IIae qu 93, a3, ad2. « La législation humaine n’a le caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison. Elle tient sa force de la loi éternelle. Dans la mesure où elle s’écarterait de la raison, il faudrait la déclarer injuste, car elle ne verifierait pas sa définition de loi. Elle serait plutôt une forme de violence ».