Mes Bien Chers Frères et Soeur,
On peut encore voir et adorer le lieu où Jésus a béni ses apôtres et s’est élevé au ciel. C’est à Jerusalem, sur la crête du Mont des oliviers.
Dans nos mouvements physiques… Il est plus facile de descendre que de monter. Pourquoi ? Parce qu’on suit un mouvement, une force naturelle. Par exemple, en montagne ou sur un toboggan; revenir, redescendre se fait toujours plus facilement, naturellement, n’est-ce pas? C’est vrai aussi au plan moral, où il est plus facile au cœur de l’homme de suivre sa pente descendante, de pencher vers le bas. Il faut un peu d’énergie, avec la grâce de Dieu !
Pour Notre Seigneur, après la Résurrection, c’est l’inverse. Le poids, la force de son état glorieux, de sa vie éternelle, de sa divinité l’entraine. Non plus vers le bas, vers le visible, le terrestre. Mais vers le haut, l’invisible, le céleste.
Pendant 40 jours, Jésus s’est retenu de monter au ciel tout de suite après la Résurrection. C’était sage. Il a montré aux Apôtres et aux disciples qu’il était vraiment ressuscité. Il a réparé, guéri, consolidé leur foi, leur esperance, leur charité.
Jésus s’élève par un mouvement conforme à son être. Il ne contrarie pas son être, Il cède à l’attraction qui le ramène au Père. Il suit le mouvement de sa divinité, de sa puissance qui l’attire d’où Il venait ; le sein du Père éternel, l’abîme de la Trinité. Il y retourne. Son humanité, son corps, son âme est plongée dans la gloire du Père. Entièrement. Définitivement.
Mais ce n’est pas tout. Jésus ne va pas tout seul au ciel. Il ouvre la voie de ce bonheur éternel aux élus. Il y a tous ceux qui attendaient dans les enfers, les justes de l’ancien testament. Et puis il y a au fil des temps les âmes des justes, des saints et saintes de Dieu qui sont aussi introduites au ciel. On y va par l’imitation du Christ, et par les mérites infinis du Christ. Charles Péguy répétait souvent ; on ne se sauve pas tout seul, il ne faut pas arriver au ciel tout seul.
Dans le Seigneur des anneaux, nous voyons le chef des morts qui annonce, terrible ; « La voie est close. Elle fut faite par les morts, et les morts la gardent. La voie est close, maintenant vous allez mourir ». Et finalement, cet empire des morts se soumet et se range du côté de la lumière, par la force de l’épée d’Elendil. Cet épisode représente assez bien ce qu’est notre condition, notre destinée, notre rapport à la mort et à l’éternité, après la chute et la rédemption. Quel élan de joie et d’esperance immense alors ! La voie vers l’éternité, vers le bonheur infini de voir Dieu est accessible!
Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
Le Seigneur cesse d’être présent visiblement sur la terre. Sa présence corporelle, sensible, en 3 dimensions s’arrête, elle s’éteint, comme la flamme du cierge pascal qui brillait depuis la nuit de Pâques.
Jésus quitte ce monde visible, cette terre ; lieu de la génération et de la corruption.
Jésus monte au ciel, lieu de l’incorruption.
« Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles. » (Mt 28,20). Celui » qui est monté aux cieux, dit S. Léon, n’abandonne pas ceux qu’il a adoptés. »
Jésus remonté aux cieux, augmentez ma foi, gardez et éclairez en moi la certitude de l’invisible, science de ce que l’on ne voit pas.
Jésus remonté au cieux, relevez mon esperance. Votre retour à Dieu me donne confiance. Vous êtes le Sauveur des hommes par votre passion sur la terre. Vous êtes encore l’Eclaireur et l’Avocat des âmes justes dans le ciel. Par votre grâce, par vos mérites, par l’union à vous, j’espère être de ce grand rassemblement dans le ciel où vous avez dressé votre tente et la nôtre pour l’éternité. Je l’espère parce que vous l’avez promis. « Quand je serai parti et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyiez aussi 1».
Jésus remonté au ciel, dirigez vers le ciel l’affection de ma charité. Fixez mon cœur où sont les vraies joies. Gardez-moi les pieds sur terre, la tête et le cœur dans le ciel. Que rien de ce qui est d’ici-bas ne m’opprime, que rien de ce qui est d’en-haut ne m’ennuie.
Que je vous aime, vous.
Que j’aime tout en vous, et à cause de vous.
Que je n’aime rien au-dessus de vous, amen !
1Jn 14,3.