Aux enfants ;
Chers enfants, vous avez entendu dans l’Evangile de ce jour que Jésus a multiplié les pains, pour nourrir les foules qui le suivaient. N’oubliez pas d’imiter Notre Seigneur! Avant de nourrir les foules, il bénit et il remercie. Vous aussi, soyez fidèles à votre Benedicite et vos grâces, avant et après le repas. Demandez à Dieu de nourrir ceux qui sont dans le besoin, pour leur âme et leur corps.
« Seigneur, procurez le pain, la joie et la foi à ceux qui n’en ont pas! »
Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites tout pour la gloire de Jésus Christ, rendant par Lui des actions de grâce à Dieu le Père. (St Paul)
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AU NOM DU PERE ET DU FILS ET DU ST ESPRIT, AINSI SOIT-IL
MBCF et S,
Saint Thomas remarque qu’il y a 2 types d’action divine;
- Dieu établit, respecte et maintient le jeu ordinaire des causes secondes, le rapport des lois naturelles; c’est la merveille.
- Dieu suspend ou contourne ce cours ordinaire des causes secondes, il intervient plus directement; c’est le miracle1.
Nous voici devant un miracle du Christ ; un fait sensible, visible, palpable. Un fait établi, constaté par des témoins oculaires, nombreux et fiables. Un fait inexplicable par les lois naturelles – et qui suppose l’intervention divine.
Quel crédit, quelle attention portons-nous aux merveilles et aux miracles ?
Ce temps de repos et de vacances que j’espère pour chacun de vous est propice pour un peu de loisir. J’entends un loisir de contemplation et non de consommation.
Nos anciens avaient intégré avec sagesse l’otium, le temps libre, le repos, dans la conduite de la vie. En alternance avec le travail manuel ou intellectuel, ce loisir était propice à la contemplation. Bonne oisiveté et bonne occupation; où en sommes-nous?
Revenons au spectacle de Dieu et de sa Création. Revenons à ses merveilles et ses miracles. Le monde créé, du moins pris dans son ensemble, nous dit un ordre qui est le produit, non du hasard et de la nécessité, mais d’une intelligence supérieure. Premier pas à faire ou refaire pour découvrir l’existence de Dieu. Premier pas accessible à tout esprit honnête, ayant l’amour de la verité.
Et le miracle ? Il est décidé et accompli par Dieu pour provoquer la foi, pour l’aider. Je vois une chose sortant de l’ordinaire et bonne. Après enquête rigoureuse, je ne peux l’attribuer à aucune cause naturelle. Je passe de l’évidence du fait (ce qui se voit) à la certitude de la cause (ce qui ne se voit pas). Si du moins je suis capable d’étonnement et d’honnêteté. Voilà pourquoi Pascal disait que dans les miracles, « il y a assez de lumière pour qui veut croire, assez d’obscurité pour qui ne veut pas croire ». Preuve de crédibilité satisfaisante, non contraignante.
Le miracle comme la merveille montre encore la bonté de Dieu. Et quand la bonté de Dieu vient remédier à un besoin, une misère de la créature, cela s’appelle miséricorde. « misereor super turbam .. J’ai pitié de cette foule ». « Vous n’avez jamais, ô mon Sauveur, guéri les malades, ou ressuscité les morts, ou consideré nos peines, sans que cette tendre compassion de votre cœur ne vous ait attendri » (Bossuet). Jésus est puissant, Il est aussi compatissant.
Cette multiplication des pains prépare aussi les cœurs au don d’une autre nourriture, meilleure. Un pain « supersubstantiel », que demande le Pater dans la liturgie de la Messe. C’est l’Eucharistie. Pourquoi manque-t-il un pain dans la corbeille représentée au lieu de ce miracle, sur le sol de l’église, en Terre Sainte? Parce qu’il manquerait quelquechose à notre âme sans l’Eucharistie. Parce que nous ne saurions vivre seulement de besoins, de désirs et de nourritures naturelles. «Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle » (Jn VI, 27).
Dans son récit de la multiplication des pains, St Jean note que d’une part tous ont suivi Jésus jusque là, et veulent continuer de le faire. Mais d’autre part tous ne suivront pas l’annonce et le don de l’Eucharistie, la verité de cette nourriture spirituelle ; Jésus Christ tout entier, vivant et glorieux, vraiment, réellement, substantiellement présent sous les apparences du pain et du vin. « Ces paroles sont trop dures, qui peut les entendre? … Beaucoup désormais le quittèrent et ne le suivaient plus ». L’Eucharistie et la croix sont occasion d’achoppement et de division, dès l’annonce et l’institution de ce sacrement (CEC 1335-1336). C’est vrai hier, aujourd’hui et demain, jusque dans l’Eglise. Et enfin, St Jean note que Jésus a maintenu cette verité de l’Eucharistie, Il a assumé la contradiction et ses conséquences au sujet de l’Eucharistie.
Mes bien chers frères et sœurs, cet Evangile vient interroger la qualité de notre rapport à l’Eucharistie. Rapport à la messe, la communion et l’adoration. Comment nous nous y préparons, comment nous y participons, comment nous rendons grâce, comment nous en vivons ensuite. Il vient secouer et purifier en nous ce qu’il peut y avoir de mondain dans la relation à ce sacrement. Il vient enfin provoquer notre foi, et notre réponse de foi.
« Que nul ne reçoive cet aliment de l’Eucharistie sans l’avoir adoré dans la foi », dit Saint Augustin.
« Croyez-vous que ce soit là le vrai Corps du Seigneur ? », demande-t-on à Ste Jehanne d’Arc avant sa dernière communion. Et d’un trait, de toute son âme, elle répond « Oui, et je demande qu’il me soit donné en nourriture » !
1St Thomas, de Potentia.