« Vous n’accomplissez pas tout ce que vous voulez ».
MBCF et S,
comme on voit bien de quoi parle Saint Paul!
Tant de bonnes inspirations sans suite…
Tant de décisions, de résolutions pas vraiment prises, encore moins tenues… Il y a même une chanson dédiée « à tous nos actes manqués »…
Tant de bonnes habitudes commencées et défaites, comme la toile de Pénélope.
Ce retour de vacances et l’approche de la rentrée, avec ses plannings, ses choix, son organisation nous met au pied du mur. Bilan de ce temps de repos, programme de l’année qui vient! Retrouvons les priorités, remettons les choses dans le bon ordre.
Devoir d’état… Mais quel «état»? Nous sommes tous dans un «état de vie», provisoire ou définitif.
Cet état de vie comporte des obligations qu’on accepte, qu’on reçoit, qu’on se donne.
Ces obligations traduisent concrètement la volonté de Dieu sur nous. Cela aide, beaucoup. La fidélité très exacte à ces obligations est le meilleur moyen de marcher vers la sainteté effective.
Objection courante au devoir d’état; «Ah, mais cela irait tellement mieux, je serais tellement plus saint ailleurs, et en un autre temps, et avec d’autres personnes, et d’autres engagements».
Réponses…
1er pilier de notre devoir d’état; dissiper l’illusion. «Ne rêvons pas… Ou alors ne laissons pas le rêve être notre maître». Il y a en nous une petite chèvre de Monsieur Seguin qui trouve toujours que c’est mieux ailleurs, en d’autres temps et chez les autres.
«Les Religieux, les veuves, les mariés, [les jeunes, les adolescents et enfants] doivent rechercher cette perfection (sainteté), mais non par même moyen». «Chacun voudrait volontiers changer sa condition à celle des autres » … Mais non! «Chacun demeure en sa vocation devant Dieu. Il ne faut pas porter la croix des autres, mais la sienne». «De quoi sert-il de bâtir des châteaux en Espagne puisqu’il nous faut habiter en France?1»
2e pilier de notre devoir d’état ; l’héroïsme. St Paul en parle fort bien dans son épitre aujourd’hui. Ceux qui appartiennent au Christ ont crucifié la chair avec ses caprices (chair = nature en tant que blessée, affaiblie par le péché). Héroïsme donc… Mais héroïsme bien compris, bien vécu. Placé non dans notre intelligence ou notre volonté même, encore moins notre imagination, mais dans nos actes.
Un directeur d’école me disait récemment son souci de donner à ses élèves des exemples de héros à admirer. Il a bien raison. Or, ces héros qui ont versé leur sang pour la Foi ou la Patrie, se sont préparés à l’héroïsme de grandeur par l’héroïsme de petitesse. L’héroïsme d’un instant résulte souvent de ce qui le précède. Cela vaut aussi pour la lâcheté. Personne ne devient mauvais d’un seul coup2.
On peut résumer ces 2 héroïsmes par 2 mots célèbres;
« On a trois ou quatre fois dans sa vie l’occasion d’être brave, et tous les jours, celle de ne pas être lâche3».
« Les petits moyens m’ont parfaitement réussi : il n’y a qu’une seule chose à faire : jeter à Jésus les fleurs des petits sacrifices4».
Ste Thérèse a rencontré ces 2 héroïsmes. Dans la vie de Ste Jehanne d’Arc, étant enfant, elle puise la volonté de faire de grandes choses ; un bon désir, un héroïsme! Puis elle comprend que la pratique quotidienne des vertus de son état en est une, de grande chose. Prouver son grand amour de Dieu et du prochain, comment?
- Ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole,
- profiter de toutes les petites choses,
- les faire par amour. Etre dans la souffrance ou la joie par amour5.
Ceux qui appartiennent au Christ ont crucifié la chair avec ses caprices.
St Paul ne ment pas… Obéir humblement au devoir d’état (et à qui nous le rappelle), c’est très coûteux pour notre nature. Humilibus consentientes… Un bon mouvement ne coûte rien, une bonne habitude, si! Or c’est dans la répétition consentie, choisie et non subie du devoir d’état que les vertus prennent racine ; c’est ça qui fait le héros et le saint. La vertu se manifeste le mieux dans les occasions soudaines6. On se trahit mieux dans les imprévus, on voit qui on est. Se sacrifier ne s’improvise pas.
«Les circonstances font les Saints, mais les Saints ne font pas les circonstances».
Alors, mes frères, si nous ne pouvons encore voir Dieu face à face, nous pouvons du moins regarder « en face » la croix qu’Il nous présente, et lui donner une reponse d’amour. Demandons, non pas la croix, mais l’amour de la croix. Non l’héroïsme de grandeur, que Dieu donne à qui il veut, quand et comme il veut. Mais l’héroïsme de petitesse qui en est la meilleure préparation.
Et venons pour cela puiser en abondance l’esprit de la croix, les germes de générosité et détermination surnaturelle dans la Ste Messe et la ste Communion. « Seigneur, vous m’en demandez beaucoup, et moi je n’en demandais pas tant – Certes, mais tu as beaucoup reçu, et je te donnerai bien d’avantage, en particulier par le St Sacrifice de la Messe et la Présence Réelle!»
1 St François de Sales, lettre à la Présidente Brulart, 3 mai 1604.
2Nemo repente fit pessimus.
3 René Bazin
4 Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus.
5 Manuscrit autobiographique. Lettre.
6Remarque d’Aristote et de St Thomas d’Aquin.