Mes bien chers frères et sœurs,
Voici une belle page de l’histoire des saints!
« Deux volontés opposées luttaient en moi : l’ancienne et la nouvelle, la spirituelle et la charnelle. Et leur conflit déchirait mon âme. (…) J’étais comme un homme que l’on vient d’éveiller, qui sait qu’il doit se lever, et qui, n’ayant pas le courage de secouer son sommeil, referme les yeux et se rendort. (…) Cette dispute dans mon coeur n’était qu’une lutte de moi-même contre moi-même.
Mon ami à mes côtés dans cette agitation sans précédent, attendait en silence le dénouement […].
La solitude s’offrait à moi comme un endroit plus propice (…). Je me retirai assez loin. Tel était alors mon état. Il le comprit […]. Et je pleurais dans la profonde amertume de mon coeur brisé.
Et voici que j’entends une voix, (…) : « Prends, lis ! Prends, lis ! »
À l’instant, j’ai changé de visage (…) aucun souvenir ne me revenait d’avoir entendu cela quelque part. (…) Je me suis levé, voyant là un ordre divin (…).
Je saisis le livre des épitres de St Paul, l’ouvris et lus en silence: « Non, pas d’excès de nourriture et de boisson ; non, pas de débauche et d’impudicité; non, pas de disputes et de jalousies ; mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et ne faites pas des provisions pour la chair dans les mauvais désirs » (Rm 13, 13).
Je ne voulus pas en lire plus, ce n’était pas nécessaire. À l’instant même, en effet, (…), ce fut comme une lumière de sécurité déversée dans mon coeur, et toutes les ténèbres de l’hésitation se dissipèrent.
Vous m’avez converti, en effet, si bien à Vous, que je ne recherchais plus (…) rien de ce qu’on espère dans ce siècle ; j’étais debout.
C’est Saint Augustin, au jardin de Milan, fin septembre 386. C’est nous tous, en Beauce, en 2020. Nous sommes poursuivis. Pourchassés. Traqués. Intérieurement, extérieurement. Par Dieu, en Personne.
Alors, comme lui, prenons, pour en vivre, l’Epitre du jour, celle de St Paul aux Romains. Prenons la place de ces premiers disciples, les Romains, entendons-la pour nous. Elle est pour nous, ici, maintenant. C’est la grâce de Saint Augustin, c’est la nôtre. La voici :
Il est temps de se réveiller. Sortonsdu sommeil morbide, du coma spirituel du péché mortel. Ou peut-être simplement de la tiédeur spirituelle.
Le salut est plus proche de nous que lorsque nous avons embrassé la foi. Il y a une proximité de Dieu, une approche de Dieu. On l’entend mieux encore durant l’Avent. Il vient, pas à pas, si je puis dire, par les visites de la grâce.
Dépouiller les œuvres de ténèbres, ne pas se laisser aller, ne pas soigner la chair, faire provision pour ses désirs. Quelle est cette chose contraire, ce bruit, cette agitation, cette attache désordonnée dont je peux me défaire à l’occasion de l’Avent? Moins de portable et de réseaux sociaux, peut-être? Plus de disponibilité pour le prochain, en famille, à l’école, dans les engagements?
Revêtir les armes de lumière, se revêtir du Seigneur Jésus Christ. Oh, oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. Un silence spirituel, intérieur. Une solitude, mais une solitude aimable, habitée, un désert intérieur où pousse de nouveau la fleur du Christ, celle de la verrière de gauche au portail royal, celle dont parlait Isaïe. Un peu plus de messe, ou d’adoration, ou de courte visite à Jésus Hostie… la prière des mystères joyeux du chapelet… Du temps devant la crèche. Tout va bien quand on se tourne de ce côté-là.
Me laisserai-je enfin rattraper, et par qui? Capturer, et par qui? Vais-je me rendre, et à qui? Et comment? A Dieu. À la puissance de sa grâce. A Dieu seul, et de tout mon être. Le Fils de Dieu est descendu dans le monde pour me chercher… Il s’élance à la poursuite des âmes, de mon âme.
C’est l’enjeu de cet Avent qui commence.
C’est la condition pour avoir vraiment sa place au pied de la crèche à la Noël qui vient.
C’est le prix pour partager la joie de la Nativité, en commencement dès aujourd’hui, et pleinement à la Noël !