Que s’est il passé hier ? Vous pourriez me répondre ; les confirmations.
C’est vrai, mais pour l’Eglise, c’était aussi un jour d’ordination, traditionnellement. J’ai connu des anciens qui avaient été ordonnés ce jour.
Cela permet de comprendre l’épitre que nous venons d’entendre.
Saint Paul redonne, aux jeunes prêtres (et aux moins jeunes), ainsi qu’aux fidèles, le regard essentiel sur le sacrement de l’ordre. Et sur celui qui le porte. Et sur nos âmes qui en sont les bénéficiaires.
La foi est un regard surnaturel éclairé par Dieu, aiguisé par les dons de science et d’intelligence. Mais … dans un monde où le surnaturel s’étiole, nous sommes aussi exposés à avoir la vue qui baisse . Voire à perdre la vue. Combien d’aveugles (volontaires ou non) quant au prêtre et à leur âme. L’ennemi, le démon cherche cela. Parce que si le prêtre est effacé des regards et de la réalité, si le sacerdoce s’affaiblit ou disparaît, et bien Dieu sera repoussé du monde, un peu plus.
Quelle est la qualité de regard, verité du regard de foi que je porte sur le sacerdoce, et le prêtre, ce prêtre-là ?
Quelle est la qualité de regard que je porte sur les âmes, les fidèles, ces fidèles-là?
Question essentielle sur le chemin de la crèche, devant les santons ; les moutons, les bergers. Alors nous aurons apprécié à juste titre la présence et la venue des bergers et des brebis à la crèche, et nous les imiterons. Car ces pasteurs sont les prêtres, et ces brebis sont les âmes, les fidèles du Seigneur.
«Connaître», au sens des Saintes Écritures, n’est jamais seulement un savoir extérieur, comme on connaît le numéro de téléphone d’une personne.
«Connaître» signifie être intérieurement proche de l’autre. L’aimer.
Nous devrions chercher à «connaître» les hommes de la part de Dieu et en vue de Dieu ; nous devrions chercher à cheminer avec eux sur la voie de l’amitié de Dieu ». (Benoit XVI, discours de clôture de l’année du sacerdoce).
« Je connais mes brebis, mes brebis me connaissent ». (Jn X, 14)
« Je connais mon Pasteur, mon Pasteur me connait ».
Prêtre. Détenteur d’une charge. Oui… avec ses honneurs, ses grandeurs, ses marques de respect… Oui, mais pas seulement.
Dépositaire exclusif d’un pouvoir surhumain, ou pour mieux dire, surnaturel.
- Prononcer au nom du Christ la parole de l’absolution de nos péchés
- Prononcer sur les offrandes du pain et du vin les paroles du Christ qui sont paroles de transsubstantiation – des paroles qui le rendent présent, Lui, le Ressuscité.
Donc… Charge et sacrement :
Dieu se sert d’un pauvre homme pour être, à travers lui, présent pour les hommes et agir en leur faveur.
Quel courage et humilité de Dieu ! Cette audace de Dieu qui se confie à des êtres humains et qui, tout en connaissant nos faiblesses, considère les hommes capables d’agir et d’être présents à sa place – cette audace de Dieu est la réalité vraiment grande qui se cache dans le mot «sacerdoce». Don des choses saintes.
Que Dieu nous considère capables de cela, que de cette manière il appelle les hommes à son service et qu’ainsi de l’intérieur il se lie à eux… Quelle joie dans cette verité!
Ici peut naître la joie. Joie que Dieu nous soit si proche. Joie et gratitude pour le fait qu’il se confie à notre faiblesse ; qu’il nous conduise et nous soutienne jour après jour.
Toute vocation est à l’image de celle de Marie, du Fiat de l’annonciation, qu’évoque la Messe de ce jour. « Ne crains pas, tu as trouvé grâce aux yeux du Seigneur. Voici… – comment cela se fera-t-il ? – Le Saint Esprit viendra sur toi… Rien n’est impossible à Dieu – Fiat, me voici pour servir ».
Il y a donc un avent, une attente des Dieu chez les hommes. Mais il y a aussi un avent, comme une attente des hommes chez Dieu. Une attente des hommes de Dieu.
Nous demandons des ouvriers pour la moisson de Dieu.
Et Dieu frappe à la porte du coeur des jeunes.
L’Eglise a pour devoir ensuite d’accueillir cette vocation, cet appel d’un jeune. Et d’éprouver, examiner, laisser mûrir, purifier, décanter cet appel. Et ensuite appeler elle aussi pour confirmer l’appel du Seigneur. Et accompagner ensuite ses pasteurs.
La glorification du prêtre, à notre époque, a été bien éprouvée.
La purification a été rude.
Mais le résultat est là.
La grandeur, la beauté du sacrement de l’ordre demeure :
Ministres du Christ, intendants des mystères de Dieu.
Rendons grâce, aimons et soutenons nos prêtres, supportons-les à l’occasion… Et prions pour que ces occasions nous soient épargnées, le plus possible!
Ils sont ces bergers qui conduisent nos âmes à la crèche, lieu de la retrouvaille entre la créature et son Créateur – entre le pécheur et le Sauveur – entre le malade et le divin Médecin!