Seigneur Dieu tout puissant, conduisez nos actions selon votre bon plaisir ;
afin qu’au Nom de votre Fils bien aimé,
nous méritions d’être féconds en bonnes œuvres. (Oraison du jour).
Il manque un personnage à la crèche ; le facteur de Nazareth. Il a dû avoir de sérieux ennuis pour le courrier adressé à la Sainte Famille, avec les changements d’adresse!
« 1 rue de l’Annonciation, Nazareth…
Aïn Karim, aux bons soins d’Elisabeth et Zacharie…
Bethléem, Cedex… Faire suivre, svp…
Jerusalem, aux bons soins du concierge du Temple…
Egypte, poste restante (affranchir au tarif international) …
N’habite plus à l’adresse indiquée…
Charpentes St Joseph and co, Nazareth ».
Il y a un prolongement très intéressant de la Nativité ; le changement introduit dans la vie spirituelle. Et qui n’est pas qu’un changement d’adresse, de lieu. Mais un changement de vie.
Noël répond à la question; qu’est-ce qu’un chrétien? C’est un disciple du Christ, un enfant de Dieu. Il a reçu la grâce au baptême, Il est né de Dieu, il vit de Dieu, en Dieu, avec Dieu.
Seulement voilà, la vie, c’est le mouvement et l’activité d’un être organisé. Donc, normalement, il y a un style de vie qui va avec le fait d’être chrétien. Un penser chrétien, un parler, un agir chrétien. On peut le résumer en un mot; conformité, imitation de Jésus Christ. Donc ce style de vie commence à Bethléem et se poursuit à Nazareth, où la Ste Famille retourne dans l’Evangile de ce jour.
La liturgie de ce jour nous fait demander les secours divins dans la conduite de la vie. Et bien Dieu nous aide comme nous sommes.
Intérieurement, par sa grâce, dérivation en nous de la grâce du Christ. « De sa plénitude nous avons tous reçu, grâce pour grâce ».
Extérieurement, par les influences, les bons exemples. « Les paroles volent, les exemples entrainent ». Prenez le scoutisme, par exemple. Il se reconnaît dans une loi. C’est un premier niveau. Mais aussi dans une loi apprise. C’est un deuxième niveau. Mais encore dans une loi vécue et transmise, incarnée par l’exemple. C’est le 3e niveau, le plus intéressant. Comme le répétait à l’envie mon cher vieux curé, les paroles volent, les exemples entrainent. On vit tous sous influence, même les plus fortes personnalités. La seule place du choix, c’est de décider des influences que l’on aime et que l’on suit. Et c’est un beau sujet de méditation de faire le point là-dessus.
L’imitation de Jésus Christ, la sequela Christi, c’est le fin mot de la morale évangélique, de la vie spirituelle.
En théologie, on dit que le Christ est cause de notre sainteté, de 2 manières ; comme cause exemplaire, de l’extérieur si l’on peut dire – et comme cause efficiente, de l’intérieur.
Cause exemplaire, ou formelle extrinsèque, car Il est le modèle à suivre, de la crèche à la croix. Et c’est très commode, car Il passe par les différentes étapes de notre vie. S’il faut compléter pour le grand âge, prenez Syméon, Anne, et Saint Joseph. Ils ont des choses à nous dire.
Cause efficiente, car Il donne sa loi intérieure, celle de la grâce et de la charité. Il inspire du dedans les pensées, paroles et actions. Le bon jugement spirituel consiste ensuite à éprouver les mouvements de l’âme, pour voir si c’est de Dieu, de la nature, ou du démon.
C’est très bien fait, cela, c’est très sage… on imite volontiers qui l’on aime, qui nous aime et nous ressemble. En se faisant homme, en s’incarnant, Jésus prend notre ressemblance. En nous donnant son exemple, sa loi et sa grâce, Il rend possible notre ressemblance avec Lui. Et en l’imitant, nous imitons Dieu. Si les vertus, si la vie belle nous intéressent, c’est parce qu’elles reproduisent et prolongent, ici et maintenant, un petit morceau de Dieu… un fragment de ses perfections infinies. Nous avons connu Dieu visiblement, puissions-nous être par lui ravis dans l’amour des réalités invisibles.
Cela n’ira pas sans contradiction. Souvent, en conversation et entretien, on mesure et on entend le décalage qu’il faut assumer régulièrement, concrètement, entre le style de vie mondain et le style de vie chrétien. Même sur le style des loisirs et des vacances. Et oui ! Assumer… la contradiction.
Non pas l’esprit de contradiction, qui est une vie en forme d’opposition systématique ; c’est une maladie de l’esprit, cela. Un gauchissement de la vie spirituelle.
Mais assumer la contradiction évangélique. C’est un prolongement normal du baptême, en particulier de la renonciation au démon, et à ce qu’il inspire. Et bien, ça aussi, Notre Seigneur l’a connu. Et le vieillard Syméon nous en avertit. C’est pour nous, aussi.
Jean Louis Lagor, résumant l’esprit de chrétienté et de chevalerie spirituelle, disait que la force des premiers chrétiens, c’était non de se retirer purement et simplement du monde, mais d’être présents au monde, en sachant lui opposer, si nécessaire, un refus1. Etre, à bon escient, meneur, suiveur, résistant!
Et comme Noël est le temps des cadeaux, voici un présent utile qui aidera grandement votre prière du matin. On le dit chaque jour à l’office de prime, commencement de la journée. C’est le propos de ce jour mis en prière; vivre en imitateurs de Dieu.
Seigneur, Dieu, roi du Ciel et de la terre
dirigez, sanctifiez, conduisez et inspirez aujourd’hui,
nos cœurs et nos corps, nos sentiments, nos paroles et nos actions
selon votre loi et la pratique de vos commandements,
afin qu’ici et pour l’éternité, par votre secours,
nous soyons sauvés et délivrés. (prière de l’Office de Primes).
1Jean Louis LAGOR, Une autre chevalerie naîtra.