Mes chers enfants,
A la naissance et au baptême, vous recevez un prénom. Il est déjà porté par un saint ou une sainte du ciel. Sa fête devient votre fête, dans le calendrier.
Vous êtes lié très fort à votre prénom, ensuite. Vous êtes fier de pouvoir l’écrire!
Plus tard, lors des grandes rendez-vous de votre vie chrétienne, vous répondrez à l’appel de votre prénom; «Me voici!»; à la confirmation, la profession de foi. Les séminaristes qui seront ordonnés prêtres le feront aussi le jour de l’ordination, en disant; «Adsum!». Pas Atchoum (!), mais Adsum, qui veut dire; Me voici. Ils répondront à l’appel de Dieu et de l’Eglise.
Ensuite, vous porterez ce prénom, toute votre vie. Sauf si vous devenez religieux ou religieuse; alors vous recevrez un nouveau nom, pour montrer que vous suivez plus spécialement le Seigneur, et que vous avez décidé de changer de vie pour son Amour.
A Noël, nous avons fêté la naissance de Jésus en tant qu’Homme. Aujourd’hui, nous fêtons le Nom de Jésus. C’est une Personne, et une Prière. Jésus veut dire «Dieu sauve»; c’est l’unique Sauveur de tous les hommes.
C’est très grand et très doux de prononcer le Nom de Jésus. Chaque fois qu’on l’entend, on s’incline de la tête et du cœur, dans la liturgie. On s’est mis à genoux tout à l’heure. Car Jésus est puissant partout; au ciel, sur la terre, et même dans les enfers1! Oui son Nom fait reculer et fuir les démon et les tentations.
Dites souvent et bien le Nom de Jésus. Écoutez ce qu’on en dit avec intérêt, avec attention, avec respect. C’est une prière. Jésus répond toujours quand on l’appelle, avec la voix et le cœur.
Aimez votre prénom de baptême, rappelez-vous que c’est un petit fil incassable entre vous et un saint du ciel.
Et puis… répondez bien vite à l’appel de votre nom. Quand le Bon Dieu vous appelle et vous parle, dans la prière; «Me voici !». Quand le prochain vous appelle; les parents, les frères et les sœurs, les camarades de classe et les professeurs.
Mes bien chers frères et sœurs,
L’Evangile du jour évoque une scène touchante, familière aux parents qui, avant une naissance, prient, réfléchissent et discutent pour choisir un prénom à l’enfant.
Selon l’usage hébreu, le nom est choisi parmi ceux des ancêtres. Il est ensuite imposé et reçu par l’enfant de 8 jours. Il vaut reconnaissance et affirmation de parenté, d’autorité. C’est la fonction du père, c’est une intervention de Saint Joseph. Mais ce Nom de Jésus vient de plus haut, comme celui qui le porte. Joseph lui-même le reçoit de Dieu par la médiation de l’ange2. Il fait partie des choses sacrées données aux hommes.
Nous gagnons à redécouvrir la valeur du nom. Il est quelquechose de très personnel, très intime. Une confidence, presque. Le Nom renvoie à l’être.
Nommer une chose, c’est la reconnaître. C’est entrer dans la verité avec elle. C’est affirmer un pouvoir, une autorité sur elle, dans la Bible. Ainsi Dieu nomme les éléments qu’Il a créés3. Adam donne un nom aux animaux4.
Il y a un pas de plus lorsqu’il s’agit d’un nom propre, un nom de personne. Il ouvre sur quelquechose d’unique, d’incommunicable. Il établit une relation. Les gens de la rue, les SDF sont touchés de la rupture de l’anonymat, pas seulement par une pièce, un regard ou un sourire, mais par l’échange du nom. Inversement, les totalitarismes manipulent, détruisent, effacent les personnes en commençant par le nom, remplacé par un numéro.
Il y a encore un pas, plus grand, lorsque c’est un des noms de Dieu. Le Nom d’une Personne divine. Jésus est le Nom du Verbe fait Chair, de l’Homme Dieu. Ce Nom est une médiation dans l’union de l’âme avec Dieu. Il est la porte du mystère de Dieu.
Le nom fait entrer en relation avec les choses, les personnes, avec Dieu.
Connaître les noms de Dieu établit une proximité. Ce que Dieu a voulu en s’incarnant et en prenant un nom d’homme, un nom de la terre; Jésus. Prononcer ce Nom est un acte de foi, de confiance, d’affection.
Mais proximité n’empêche pas grandeur. Jésus est Dieu, et Dieu est grand. Du lever au couchant, le Nom du Seigneur est digne de louange. Il est Saint. C’est pourquoi le Nom de Jésus éveille la crainte, le sens du sacré. « Il n’est aucun autre Nom donné aux hommes sous le ciel, par lequel nous soyions sauvés5». Il exprime ce que la sagesse et la miséricorde de Dieu ont pu inventer de plus sublime et de plus humble pour sauver l’humanité déchue6.
Les saints ont vécu le 2e commandement, le respect et l’amour du Nom de Dieu, de Jésus, de Marie. Saint Bernardin de Sienne, capucin italien du XVI° siècle, a relancé dans l’Eglise le culte du Nom de Jésus, suivi par Sainte Jehanne d’Arc, puis Saint Ignace de Loyola.
Tout chrétien est porteur, transmetteur, diffuseur, défenseur de ce Nom. Au fond, toute la prédication, le catéchisme, la transmission de la foi et des commandements, la réception des sacrements sont contenus,ramassés en 5 lettres; Jésus. Vous êtes en nous, Seigneur, et votre Saint Nom est invoqué, appelé par nous et sur nous7. Saint Thomas d’Aquin commente ce verset repris chaque soir aux Complies8. L’invocation du Nom de Dieu, du Nom de Jésus est une des réalités sanctifiantes, un des critères de l’unique et veritable Eglise.
Mes frères, gardons ce je ne sais quoi de crainte et de confiance dans l’invocation du Nom de Jésus. N’en rougissons pas. Nos premiers pères, les disciples du Seigneur, ont affirmé et prêché ce Nom, depuis les lendemains de Pentecôte. Ils ont été joyeux d’avoir quelquechose à souffrir et à offrir pour ce Nom. Oui, Jésus ajoute une valeur à tout ce que nous pensons, disons et faisons en son Nom.
1Epitre de St Paul aux Philippiens.
2Evangile du jour.
3Genèse I, 5, 8 et 10.
4Genèse, II, 20.
5Actes, IV, 12.
6Bx Ildefonse Schüster, Liber Sacramentorum, commentaire du jour.
7Jérémie, XIV, 9.
8St Thomas d’Aquin, Commentaire sur le Credo.