Courir et Combattre!
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit, ainsi soit-il.
St Paul abrège ainsi en peu de mots l’ « ADN de la vie chrétienne« , le scenario de la vie spirituelle. Il ne suffit pas d’être entré un jour dans l’arène ou le stade de la vie chrétienne, l’Eglise. Etre entré, c’est un bon début, c’est le baptême. Etre debout, ou relevé, c’est l’état de grâce. Mais enfin, on ne gagne pas un combat de judo ou un semi marathon, on ne vendange pas une vigne en se contentant de rester debout!
St Paul ajoute et précise; courir de manière à remporter le prix. Combattre, mais ne pas frapper dans le vide.
Donc…
1°) s’échauffer. Viser bien.
2) fixer le programme, la dépense, la résolution.
3) garder le bon état d’esprit.
1) s’échauffer et viser bien.
La Septuagésime, c’est l’échauffement avant la course du Carême.
C’est un entrainement avant ce temps de combat spirituel plus accentué.
Combat spirituel, course qui est une réalité dans la vie du Christ, dans celle de l’Eglise, dans ma vie. Ce n’est pas un « jeu vidéo« …
Le mur du choeur de la cathédrale nous montre le Seigneur assumant cette confrontation avec l’Adversaire, le Démon. Au désert de Jéricho, dès le lendemain de son baptême… Puis de Gethsemani au Golgotha, lorsque son Heure est venue. A cette Heure fixée par le Père, le Christ va au rendez-vous du désert, de la prière et du jeûne… de la tentation, du combat, de la victoire (Mt et Lc IV). Plus tard, Il se tourne vers Jerusalem, affermit son visage (Lc IX, 51), regardant déjà la « ligne d’arrivée »; la Croix du Golgotha, la Résurrection du Sepulchre, l’Ascension du Mont des Oliviers.
Ce n’est pas seulement sculpté, gravé dans la pierre. C’est inscrit, et vivant, et réel dans la vie de son Eglise. C’est inscrit et vivant dans notre vie.
Il faut y consentir. Il faut décider quelquechose. Courir, mais aussi tenir la distance.
« La meilleur façon de marcher, c’est de mettre un pied devant l’autre et de recommencer » – « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » – « En artillerie, ce qui compte, ce n’est pas le coup qui part, mais le coup qui porte ». Prudence spirituelle inséparable de la générosité et l’enthousiasme. Vouloir progresser, au pas de Dieu, mettre nos foulées spirituelles dans les siennes, nos pas dans sa grâce, notre volonté dans la sienne. C’est un exercice quotidien. « J’ai dit je commence, maintenant, et le secours me viendra de la droite du Très Haut! Béni soit le Seigneur Dieu qui éduque mes mains au combat, mes doigts à la guerre! » (Ps LXXVII, 11 et CXLIV, 2).
2. Fixer le programme, la dépense, la résolution.
Commençons dès maintenant de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour le Carême qui vient. Pas de faux départ, avant ou après le signal des cendres.
Le Carême est un « chèque spirituel » ;
vous signez et vous mettez l’ordre ; « Plus grande gloire de Dieu en moi, charité, humilité« .
Ensuite Dieu relit le chèque avant de l’endosser ; il ajoute un zéro ici, il en retranche un là. Il faut tout de même avoir écrit quelquechose avant la virgule, n’est-ce pas ?
Et puis il y a la date ; 17 février… Mercredi des Cendres!
Il y a le délai d’encaissement ; sous 40 jours.
Il y a aussi l’état du compte. Mesure de mes forces (et aussi… de mes limites ou de mes faiblesses) – qualité de résolution. Ce n’est pas une vélléité, un vouloir superficiel, une rêverie, un conditionnel. Mais par-dessus tout, en premier, mesure de la grâce que Dieu me donne, mesure de l’attente de Dieu envers moi, exigence de sa sainteté et de son amour.
Quel montant ? 1er chiffre ; recevoir de l’Eglise les indications, les exercices minimum du Carême. Ils sont prioritaires et plus agréables à Dieu. Quelle mesure de jeûne, de prière, d’aumône l’Eglise me demande-t-elle?
2ème chiffre ; rester attentif et disponible aux indications de la Providence. Les « petits plus » généreux, compatibles avec notre état de vie. Verifiés et validés si besoin par un regarde extérieur et compétent. Celui de Dieu, celui de ses intermédiaires.
Chèque « sous enveloppe » ; celle de la charité, de la discrétion, de l’humilité. On fait pénitence, on y encourage les autres. On ne fait pas faire pénitence aux autres! Que la main gauche ignore ce que donne la droite. Humilité enfin, … parce que finalement, ce chèque, nous le signons « par procuration ». C’est bel et bien le Seigneur qui a provisionné le compte ; en nous rendant justes, en nous donnant et la grâce et la capacité d’y répondre généreusement, et les aides concrètes pour cela !
3. Garder l’état d’esprit.
Tous les hommes vont en galère, à la pêche ou à la guerre, … en chantant
la fleur au bout du fusil, la victoire se gagne aussi … en chantant.
Il faut prendre le combat spirituel au sérieux. Pas au tragique. Pas à la légère non plus. Mais avec sérieux ET légèreté ! Il faut se battre et courir, oui. Mais en paix et en joie!
Si l’Alleluia se tait dans la liturgie, si le Gloria a disparu ce jour, la louange, l’action de grâce due à Dieu ne doit pas se taire au temps de l’exil et du combat spirituel. « La louange est l’horizon qui éclaire le chemin conduisant au Golgotha »1. D’autre part la victoire est certaine; c’est celle du Christ.
Vous n’y êtes pas associé sans combattre et courir, sans Carême.
Mais vous en êtes déjà participants !
A un jeune sérieux et généreux, mais déboussolé et inquiet pour son avenir, le cardinal Van Thuan offrait une écoute paisible… Puis après un silence et une prière, il répondait; Dieu y pourvoira. Dieu est toujours plus généreux que nous !
Mes bien chers frères et soeurs,
1°) échauffez-vous et visez bien en vue du prochain Carême.
2) Fixez le programme, la dépense, la résolution.
3) Gardez le bon état d’esprit!
1Benoit XVI, l’Ame de la prière, p 117.