Mes chers enfants,
Jericho, c’est le poste frontière gardant l’accès à la Terre Promise, près du Jourdain. Juste à côté, il y a le désert où Jésus va jeûner, prier, être tenté et combattre le démon. C’est aussi le carrefour d’où l’on monte en pèlerinage vers Jerusalem. Jésus va monter à Jerusalem. Il sait bien ce qui se passera à son arrivée; sa Passion, sa Croix, sa mort et son ensevelissement, puis sa résurrection. Comme le Seigneur, prenez avec courage le chemin du Carême par de bonnes résolutions.
Jésus rencontre et guérit Bartimée, l’aveugle. Il ne voit plus de ses yeux, le pauvre! Mais il voit bien avec son cœur. Il ne reçoit pas la lumière extérieure du jour, mais il a la lumière intérieure de la foi. Et Jésus va récompenser cette foi.
Mes enfants, le plus important, c’est de bien voir avec le cœur, de regarder les personnes et les évènements à la lumière de la foi. Voyez comme Dieu est bon; Il guérit les yeux de l’aveugle, et Il nous protège comme la prunelle des yeux! Dites cette belle prière de l’Eglise; Seigneur, protégez-moi comme la prunelle des yeux.
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« Nous montons à Jérusalem, et s’accomplira pour le Fils de l’homme tout ce qui a été écrit par les prophètes. Il sera livré aux païens, bafoué, outragé, et couvert de crachats; après l’avoir flagellé, on le fera mourir; il ressuscitera le 3ème jour. »
MBCF et S,
Jericho, c’est le premier combat spirituel au désert.
Jerusalem, c’est le deuxième et le plus grand.
Le Carême, la vie chrétienne sont dans ce trajet de Jésus de Jericho à Jerusalem; baptême, combat spirituel, conformité au Christ en sa Passion et sa Résurrection.
Le Christ marche vers la Ville Sainte, dans une contradiction qui ira crescendo. Elle finira par sa condamnation injuste et sa mise en croix.
Les chefs du peuple hébreu y auront leur part de responsabilité.
L’autorité romaine également.
Nous aussi. Qu’est-ce qui pousse le Christ jusqu’au bout de cette course, vers le Golgotha? C’est d’abord le péché du monde qui pèsera sur le cœur du Seigneur, et nous y avons notre part. Mais aussi, et surtout, c’est son Amour infini. « Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout1!
Je suis venu allumer un feu sur la terre2…
J’ai à être baptisé d’un baptême3…
Combien j’ai hâte,
combien je suis tourmenté, consummé
jusqu’à ce que ce soit accompli! »
Je voudrais vous arrêter sur un aspect du combat spirituel ; dimanche dernier, c’était la tentation. Aujourd’hui, c’est la résolution. Décision prise devant Dieu, pour Dieu. Décision prise dans la prière – après réflexion – après une bonne confession – une bonne communion – une retraite spirituelle – au seuil du Carême. Décision concrète, conversion pratique. Quitter un mal, ou consentir un mieux. Sortir d’une situation de vie désordonnée, d’une occasion de péché. Prendre un moyen concret, humain ou spirituel, contre un défaut, un penchant désordonné.
Regardez, écoutez la résolution, la détermination de Jésus;
«Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi (…) je ne me suis pas défilé. Il vient à mon secours. C’est pourquoi (…) j’ai affermi ma face comme la pierre4».
« Comme les jours de son élévation s’accomplissaient, Il tourna et affermit son visage vers Jérusalem5».
Allons au fond de ces mots sacrés. Et par eux, au fond de l’âme de Jésus.
Le visage, part la plus humaine du corps, reflète et exprime un peu le coeur. Affermir son visage, expression biblique savoureuse. C’est prendre une résolution, une décision. Énergique. Ce n’est pas mettre un masque, une «face de carême», se raidir en surface! Le visage que vous avez ira très bien, n’en changez pas; bouille virile, tête d’ange, bon visage ridé.
Affermissez le cœur et les actes: Dieu voit jusque là. «Une détermination bien déterminée6» – «Liberalité, générosité, cœur grand, magnanime7». C’est la disposition minimum pour la vie intérieure.
Je pourrais peut-être… J’aurais pu… Ah, si seulement j’avais fait, décidé… Mes frères, un Carême commencé au conditionnel termine souvent en imparfait : c’est une règle de grammaire spirituelle. Ma vie intérieure : vélléités et regrets? Rêver beaucoup, décider peu, faire moins encore ? Qui suis-je devant Dieu? Crustacé (faux dur), mollusque (vrai mou), ou vertebré (fort spirituellement). Désirons toujours de progresser, quoi qu’il en soit! La force, la valeur ultime de votre prière, votre pénitence, votre aumône, c’est la charité théologale qui l’inspire. Et peut-être un des verbes de l’Epitre retiendra-t-il votre attention, pour bien choisir, bien décider avec la grâce de Dieu!
1Jn XIII, 1.
2Luc XII, 49.
3Luc XII, 50.
4Isaïe XLIX.
5Luc IX, 51.
6 Una determinacion bien determinada (Ste Thérèse d’Avila).
7 St Ignace de Loyola.