Le Saint Esprit me rendra témoignage.
Vous aussi vous me rendrez témoignage.
L’heure vient où quiconque vous tuera croira rendre un culte à Dieu.
Ne soyez pas scandalisés.
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit, ainsi soit-il.
Le saint Esprit me rendra témoignage.
La Pentecôte, c’est l’envoi définitif du Saint Esprit dans l’Eglise. Il sera son âme. Principe de sa vie, et même de sa survie. Son incroyable longévité. Son indéfectibilité. Sa fidélité.
En continu, Le Saint Esprit assiste l’Eglise; parlant par les prophètes, inspirant les écrivains sacrés, enseignant sans risque d’erreur par le Magistère infaillible.
Il guide encore les choix, les lois de l’Eglise. Précisément, elle ne prend jamais une décision qui cause directement sa destruction. Tant et tant de fois dans l’histoire, la barque de Pierre semble enfoncer dans les flots; son personnel s’affole, et les vagues de persécution, d’idéologie font craquer sa coque.
Et alors, … divines surprises. Concile de Nicée devant l’arianisme, Concile de Trente devant le protestantisme, Mysterium Fidei devant les hérésies contre l’Eucharistie, Humanae Vitae devant la contraception en 1968, Ordinatio sacerdotalis devant la revendication des femmes prêtres. Et tout récemment, la déclaration de la Doctrine de la Foi empêchant la dénaturation du sacrement de mariage devant la revendication des unions homosexuelles.
Non, les portes de l’enfer ne l’emportent pas sur l’Eglise, hier, aujourd’hui, demain.
Vous aussi, vous me rendrez témoignage.
Ce témoignage, cette foi apostolique s’est répandu par toute la terre. L’Evangile a été prêché à toute créature.
Mais ce témoignage n’est pas donné une fois pour toute, et les pays de chrétienté sont aujourd’hui pays de mission. Les causes sont nombreuses et connues ; cancel culture, laïcisme agressif et Islam conquerant, eradication des racines chrétiennes, amnésie calculée dans la mémoire du peuple, du pays, de la civilisation. Pourrissement de l’intelligence. Haine de soi camouflée en faux amour de l’autre.
Familles, paroisses, écoles, amitiés redeviennent alors des micro chrétientés rayonnantes. Des postes avancés de vrai, de bien, de beau.
Le témoignage de la foi n’est plus une activité professionnelle, une option. C’est une dimension ordinaire de la vie chrétienne. C’est un prolongement normal de la confirmation qui rend parfait chrétien, apôtre et disciple du Seigneur.
- Certes on ne peut faire acte de témoignage en toute circonstance.
- On ne peut pas non plus s’abstenir totalement de donner ce témoignage de foi.
Ecoutons la réplique célèbre du martyre Polyeucte; «[votre Dieu] Adorez-le dans l’âme, et n’en témoignez rien. – Que je sois tout ensemble idolâtre et chrétien! (…)1»
On vous expulsera des assemblées.
L’appartenance, l’attachement fidèle au Christ et à l’Eglise peuvent aller jusque là. L’amour de la verité sur Dieu, sur soi, sur les appartenances légitimes, sur l’identité et les racines suscite l’opposition. Séparatisme – intégrisme – homophobie – dogmatisme, la litanie des phobies et des ismes s’allonge sans cesse.
L’heure vient où quiconque vous tuera croira rendre un culte à Dieu.
Le Christ en sa Passion le dit; une des raisons de sa venue, de son Incarnation est de rendre témoignage à la verité. Et d’assumer la contradiction. Contradiction jusqu’à exposer et donner sa vie. Ce crescendo, nous l’entendons dans la dernière ligne droite du carême, la quinzaine de la Passion. C’est un parallèle de l’Evangile de St Jean. Le Christ affirme et montre toujours plus sa divinité et ce qui en découle. Et ses adversaires s’opposent à lui, jusqu’à le faire mourir.
Oui l’esprit chrétien est un esprit de verité. Le disciple n’est pas plus grand que le Maître. Ce qu’il est, ce qu’il dit, ce qu’il fait rencontre tantôt la curiosité bienveillante et la sympathie, tantôt la contradiction. Nous sommes frères et descendants spirituels des apôtres et martyrs. Ceux qui donnent leur vie pour la verité, qui la signent de leur vie, et parfois de leur sang.
Ne soyez pas scandalisés.
Faut-il plaire au prix de l’honneur de Dieu, de l’Eglise, des droits de la verité ? Non. Faut-il alors s’inquiéter de la contradiction, faut-il avoir peur? Non plus.
Car le Saint Esprit assiste non seulement l’Eglise, mais le chrétien. Il fortifie notre charité, et nous garde du scandale, l’entrainement et compromission du mal, contamination de l’esprit du monde. Père des pauvres, que nous sommes, il met sa force dans nos faiblesses, sa douceur dans nos amertumes ou nos raideurs. Il nous garde dans la verité. Il nous aide à témoigner ; à proposer cette verité le plus possible, quand l’occasion se présente.
Oui, le soleil du Christ a brillé sur cette terre, et ce n’est pas que pour nous!
Appelons donc à la rescousse cette force d’en Haut, elle soutiendra notre fierté d’être chrétiens, fierté humble et courageuse.
1CORNEILLE, Polyeucte, Acte IV, scène 3.