Mes bien chers Frères et Soeurs,
La cathédrale nous offre un double émerveillement. Émerveillement premier, extérieur, de la façade et des flèches. Émerveillement second, intérieur de la clé de voute qui tient par en haut tout l’édifice. Le mystère de la Trinité, c’est, non plus le seuil de Dieu, mais l’intime de Dieu.
Dieu peut être connu de l’extérieur; Cause 1° de tout l’être, transcendant, personnel, distinct du monde; accessible à la raison humaine.
Il se fait connaître de l’intérieur, en ses relations éternelles ; accessible par la foi. « Ils sont trois à rendre témoignage dans le ciel ; le Père, le Verbe et l’Esprit Saint – et ces 3 ne font qu’un ».
Devant cela, les anges se voilent la face et se prosternent dans la liturgie céleste ; Sanctus ! Et nous, nous supplions les 3 Personnes de faire miséricorde; Kyrie ! Nous louons et remercions pour la gloire de la Trinité ; Gloria ! Nous affirmons solidement notre foi trinitaire ; Credo !
Dieu unique en 3 Personnes égales et distinctes nous tire du néant – Il se fait connaître à nous – Il nous élève à Lui. Au baptême du Christ, la voix du Père dit son émerveillement ; Tu es mon Fils bien aimé – le Fils est là incarné mais non diminué, descendu sur la terre des hommes, l’eau du Jourdain, puis le bois de la Croix – la colombe manifeste le St Esprit qui repose sur le Seigneur Jésus. «Et ces 3 ne font qu’un».
Tout vient de la Trinité, tout retourne à la Trinité.
TOUT, les créatures visibles et invisibles, visibilium omnium et invisibilium.
Les créatures inanimées sont vestige de la Trinité, empreinte du Créateur.
Toute créature humaine est ressemblance et image de Dieu; dans l’âme, l’esprit reflète le Père, la mémoire le Fils, l’amour le St Esprit.
Chaque âme baptisée enfin porte une présence trinitaire spéciale; elle devient « associée de la nature divine» (I Pierre). La Trinité Sainte habite là; « si quelqu’un m’aime, moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à Lui… mon Père l’aimera, et nous viendrons, et nous ferons en lui notre demeure. Vous êtes le Temple du Saint Esprit».
Quelle image de Dieu portons-nous, quelle connaissance avons-nous de lui, quel discours et quelle présence transmettons-nous de Lui?
L’irénisme et le relativisme sont une insulte à ce Dieu qui nous aime jusqu’à partager son intimité avec nous. Par paresse, par indifférence, par contamination d’un monde sans Dieu, par facilité… nous disons à ce Dieu qui s’intéresse à nous et nous intéresse à Lui que… ça ne nous intéresse pas, ou peu. «A chacun sa verité et son Dieu… Nous avons tous le même Dieu, et peu nous importe qui il est, quel est son Nom, son intimité… On ne va pas se chamailler pour si peu!». Et on se chamaille pour bien moins …
C’est une complicité à la confusion actuelle : un dieu des musulmans, des juifs, des protestants, des animistes, des bouddhistes, des athés, … celui qui se dit sans Dieu s’en fabriquera vite; argent, pouvoir, sexe, gloire humaine. Au sein de l’Eglise, il y aurait encore un dieu tradi, chacha ou progressiste, et quelquepart au milieu, centriste moderé et conservateur…
Notre image de Dieu floutée conditionne notre fréquentation de Dieu, et le reste de notre vie. Dis-moi ton Dieu, je te dirai qui tu es. Quel est votre Dieu? Qui est-Il? Quel est son Nom?
On ne peut répondre vaguement. Jus pieux et sirupeux – sentiment subjectif, jailli des profondeurs du subconscient – vagues souvenirs sans suite – collection d’impressions rassurantes ou effrayantes.
Alors revenons aux fondamentaux:
Oui, il y a objectivement un seul Dieu, quoi que les discours sur Dieu se soient multipliés ou contredits dans l’histoire.
Oui, ce Dieu est un et trois, sans contradiction; un en sa divinité, trois en ses relations éternelles. Un seul Dieu en 3 personnes égales et distinctes. La contradiction n’est qu’apparente.
La Trinité reste indemne des erreurs à son sujet, des faux discours ou images. Mais il est urgent de la faire connaître, d’amener les hommes à la verité sur Dieu. Croire en la Trinité est nécessaire au salut.
Combien reçoivent aujourd’hui clairement cela par le catéchisme et la prédication? Combien y adhèrent en prolongement du baptême, de la confirmation, de la profession de foi? Combien vivent surnaturellement de la Trinité, dont ils sont le temple saint? Combien en tirent les conséquences pratiques? Combien savent que la Messe est une suprême adoration offerte à la Trinité Sainte, et que cette adoration en esprit et en verité est le secret d’une vie réussie?
Mais c’est dogmatique, donc intolerant, irrespectueux des personnes et des croyances?
Ici l’Eglise concilie le respect, le droit des personnes et de la verité. Parce que je respecte une personne, j’ai le souci et le devoir de lui dire la verité. Et premièrement la verité sur Dieu. Et logiquement le souci de dénoncer, non la personne, mais l’erreur. La tolerance est un acte de prudence qui laisse exister un mal qu’on ne pourrait empêcher sans qu’arrive un mal plus grand.
La tradition de l’Eglise respecte les musulmans, mais condamne l’Islam. Elle réfute l’image d’un dieu isolé et distant, qui n’est pas Père, Fils et Saint Esprit, qui n’appelle pas à la filiation spirituelle de la grâce mais à la soumission aveugle. Elle condamne aussi la voie de persuasion, de manipulation et de coercition violente par où passe ce discours sur Dieu. (Concile Vatican II, déclaration Dignitatis Humanae).
Avec elle, je crois et j’adore la Trinité Sainte, Dieu unique en Trois Personnes, plein d’amour et de verité, transcendant et incarné, très haut et très proche.
ainsi soit-il.