Jerusalem, Galilée, Samarie ! Le Seigneur veut passer en tout lieu de cette Palestine, n’en omettre aucun. Ce détail géographique a un sens plus profond. Notre Seigneur veut, gagne et propose le salut à toute âme.
Pour cela, Il passe par des médiations, des moyens, des aides extérieures… nombreux. Ainsi le salut découvert, communiqué, reçu passe par la liturgie. Et ce n’est pas « ritualisme » que de le reconnaître. Il convient à notre être d’homme, de créature sensible, de passer par des médiations, des rites, des paroles, signes, gestes incarnés pour aller à Dieu.
Je voudrais donc croiser aujourd’hui l’Evangile du dimanche avec quelques éléments de cette liturgie.
Voyez, ecoutez; il ne faut pas seulement voir passer bien vite ces 10 lépreux une fois l’an. Ou se les représenter fugitivement selon l’usage de l’époque, vêtements déchirés, moustache couverte d’un bandeau, cheveux au vent et criant sans cesse ; « impur ! Impur ! » (Lévitique, XIII et XIV). Il faut pour ainsi dire prendre leur place spirituellement. C’est facile, c’est aussi la nôtre.
- Le Christ entre dans le village ; la procession d’entrée exprime visiblement l’invisible entrée des âmes dans la gloire, à la suite du Christ mort, ressuscité, élevé. Et aussi cette entrée du Seigneur par grâce dans notre cœur, dans notre vie. « Aujourd’hui, je veux demeurer dans ta maison… Voici, je me tiens à la porte et je frappe ».
- Les lépreux viennent à sa rencontre ; la sainte liturgie est le lieu par excellence de la rencontre avec le Seigneur; Il vient à nous, Il « condescend » à nous – et nous allons à Lui, nous revenons à Lui ; conversion.
- Ils élèvent la voix, disant ; Jésus Maître, aie pitié de nous. Puissance d’attrait et de conversion, de purification des rites pénitentiels ; d’un Confiteor, d’un Kyrie ! Crainte et confiance de nos âmes de lépreux devant la justice et la sainteté de Dieu, mais aussi sa puissance et sa miséricorde.
- Le Seigneur les voit ; notre vie intérieure tient à une certitude aimable et simple ; certitude qu’à tout instant Dieu nous voit. Nous sommes sous son regard, et nous le regardons dans la foi. In conspectu divinae majestatis, in conspectu tuo…
- Le renvoi aux prêtres est une indication discrète de cette autre source de grâce ; le sacrement de pénitence, la médiation du prêtre qui agit in persona Christi. Dans l’aveu sincère et entier de ses fautes on montre son âme comme elle est vue de Dieu. On voit sa conscience en verité, comme elle sera vue au rendez-vous d’éternité, au dernier jugement. Et l’absolution produit dans le cœur ce que le Christ produisit pour les corps lépreux ;« Ils furent purifiés ».
- Revenir, tomber la face contre terre ; c’est une attitude expressive du cœur, une adoration ; écrasement très fort et très doux de la créature devant son Créateur. C’est notre place, en verité ; « aux pieds du Seigneur », ce même Seigneur, à l’autel et au banc de communion. « Il y a une telle distance entre Dieu et tout ce qui n’est pas Lui », s’exclame le Bx Charles de Jésus. comment alors ne pas être touché de voir Dieu combler la distance. Il ne la diminue pas, Il ne la supprime pas… Il la franchit. MBCF et S, que cette adoration, cette messe, cette communion ne soient pas routine, mais habitude et fréquentation spirituelle fervente, désirée ! La liturgie nous réveille et nous éduque spirituellement par ses génuflexions, son silence, la communion reçue sur les lèvres, les rites du Canon puis la préparation à la communion ; Domine, non sum dignus…
- Il remercia… c’était un samaritain... ; il faut bien peser ce mot, à l’époque synonyme de; hérétique, étranger inassimilable et infréquentable. Celui qu’on tient à distance. Il est des convertis1, des païens2, des recommençants, des catholiques d’autre sensibilité dans l’Eglise qui mieux que nous savent, goûtent, remercient pour le trésor de la Messe, des sacrements, de la doctrine, du conseil spirituel, des choses de Dieu ; celles qui viennent de Lui et ramènent à Lui. Le trésor de la Tradition vivante ! Cela doit nous aider à rester fiers, déterminés dans nos attaches et nos racines spirituelles, notre identité catholique. Mais aussi humbles ; nous avons beaucoup reçu. Vivons-en d’autant mieux, gardons et transmettons d’autant plus.
Voilà qui vous permettra de rendre compte tout en même temps de l’Evangile de ce jour et de l’attachement à la Tradition vivante.
Voilà pour justifier et éclairer notre double fidélité à cette Tradition liturgique et au Siège de Pierre.
Voilà pour prier avec confiance et humilité en demandant cette double fidélité. Une neuvaine est lancée ce jour à cette intention à St Joseph, et St Pierre. Voulez-vous vous y joindre? Nous y appellerons « à la rescousse » St Joseph protecteur de l’Eglise, et St Pierre, premier chef visible de l’Eglise du Christ! Amen !
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1Voyez les convertis de l’Islam.
2Voyez par exemple Michel ONFRAY.