MBCF ET S,
Elle est bien touchante, cette veuve de Naïm.
Comme cette autre veuve rencontrée cette semaine ; épouse digne et courageuse dans ses larmes. Mère confiante dans les préoccupations de l’avenir.
Sans doute celle de Naïm lui ressemble-t-elle un peu.
Sans doute Notre Seigneur fut-Il bien mieux touché encore ; Misericordia motus.
Pour être touché de miséricorde, il faut pouvoir en quelque sorte partager la peine du prochain jusqu’à la faire sienne. En s’incarnant, Dieu fait cela. Jésus peut être touché, et touché de miséricorde… pour bien des raisons, divines et humaines. « Elle porte encore la peine de son fils mort. Un jour prochain, une autre veuve, unique, bénie entre toutes les femmes, pleurera au pied de la Croix ma mort de Fils unique». Voilà ce qui habite le Sacré Coeur de Jésus.
Cette veuve est donc figure de la Vierge Marie, mais plus encore de l’Eglise.
D’abord, cette femme est épouse. Comme l’Eglise est épouse du Christ.
Ensuite elle est veuve. Comme l’Eglise endeuillée qui pleure chaque Vendredi Saint son époux mort. Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise, se dévouant et sacrifiant pour elle.
Enfin, elle pleure son enfant unique, porté en terre par les fossoyeurs. Comme l’Eglise pleure et intercède pour les âmes, pour les pécheurs morts à l’éternelle vie.
Nous devinons assez facilement qui sont les fossoyeurs.
Notre époque qui déconstruit pour détruire en est pleine. Notre culture de mort postmoderne, c’est l’école des croque morts!
On tue. On ensevelit ; les corps et les cœurs, les nouveaux nés et les vieillards ou les incurables, les plus faibles. On tue et on ensevelit les sentiments et les passions, les sens internes et externes dans la laideur, les intelligences dans le mensonge, les volontés dans la mollesse et la dureté, la séduction du mal renommée bien. L’esprit du monde s’oppose au chrétien qui dit et fait la verité; appeler par leur nom le péché et la grâce, séparer ce qui est de l’un et de l’autre.
s’il y a des fossoyeurs donc, il y a Dieu merci des « releveurs », des « redresseurs »; hommage à ces parents qui assument, souvent à contre courant, l’éducation humaine et chrétienne de leurs enfants! Hommage à ces éducateurs, professeurs, enseignants qui transmettent la vie de l’esprit, du coeur, de l’âme, parfois au milieu d’un système défaillant! Hommage à ces micro chrétientés qui sont des « Naïm », des lieux d’élévation et de résurrection.
Qui sont les fossoyeurs de ton âme?
C’est la première question.
Les habitudes de péché consenties, suivies, passivement acceptées sans plus combattre. Les tentations pas entrevues et pas évitées, les occasions de péché. Pour l’un, telle errance sur écran connecté et internet, pour l’autre, telle paresse spirituelle ou décrochage de prière et de sacrements.
As-tu trouvé, ou retrouvé ?
Bon, c’est bien ! Oui,c’est déjà le commencement du bien. Mais ne t’arrête pas là. Lis encore, écoute bien la suite, et pour toi. Jésus touche le cercueil, et les porteurs s’arrêtent. La force du Christ, le contact avec son humanité sainte peut arrêter le corbillard de ton âme et de ta vie spirituelle, sur le chemin du cimetière. Il n’est pas seulement miséricordieux, il est tout puissant. Et le plus grand effet de sa toute puissance est de relever l’âme étendue, de ramener à la vie, à une vie plus intense l’âme morte ou affaiblie par le péché. Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu, c’est Dieu qui court après le pécheur, dit le Curé d’Ars. Ce poursuivant qui attend notre arrêt, notre demi-tour vers lui, notre reddition… Cette poursuite divine, c’est la grâce actuelle ; dans la tentation; avertissement, dissuasion, vigilance, combat, acte contraire, diversion, fuite. Après la chute ou la rechute; foi, esperance, contrition.
Voici un encouragement, encore !
Il faut donc avoir un déplaisir de nos fautes qui soit paisible, rassis et ferme… Nous nous châtions bien mieux nous-mêmes par des repentances tranquilles et constantes que par des repentances aigres, empressées et colères, d’autant qu’elles ne sont pas selon la gravité de nos fautes, mais selon nos inclinations.
Ainsi, quand notre cœur aura fait quelques fautes, si nous le reprenons avec des remontrances douces et tranquilles, ayant plus de compassion de lui que de passion contre lui, l’encourageant à l’amendement, la repentance qu’il en concevra sera plus profonde, solide, efficace1…
Mes bien chers frères, ayons recours bien et régulièrement au sacrement de pénitence et de réconciliation.
Faisons un bon examen de conscience, puis un aveu simple et entier de nos fautes; des actes, nos actes volontaires désordonnés, graves ou légers – par malice parfois, par faiblesse et surprise souvent.
Renouvelons le ferme propos, la résolution; non pas savoir que l’on ne pèchera plus, mais le vouloir, en chercher les moyens, les prendre. Je peux arrêter le fossoyeur de mon âme !
Enfin, regardons Jésus Crucifié qui est le prix de nos âmes, écoutons Jésus tout puissant qui à chaque confession redit inlassablement à notre âme ; Je te le dis, lève-toi. Relève-toi!
Mgr Fulton Sheen disait; « Je vous laisse cette consolante pensée; si vous n’aviez jamais péché, vous ne pourriez pas, en verité, appeler Jésus; SAUVEUR« .
Alors nous saurons, un peu, de l’intérieur, cet Evangile.
Alors nous serons, en verité, ces ressuscités intérieurs qui font la joie de Marie et de l’Eglise! Amen.
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1St François de Sales, Introduction à la vie dévôte. De la douceur envers soi-même.