Mes bien chers frères et sœurs,
les textes de ce dimanche vont fort bien avec la rentrée de notre communauté. Quelle finalité? Quelle mission, quelle organisation? Quel échange, que donner, que recevoir Quelle place pour chacun?
« Il y a un seul corps et un seul esprit.«
Il y a la grande Eglise catholique. Ecclesia. On y appartient en prenant place dans une ecclesiola; une petite église particulière, portion vivante, visage, porte aimable de la grande Eglise. Vous le voyez, c’est plus large et plus beau que l’esprit de chapelle! C’est là que l’on cherche et trouve les biens spirituels, les moyens de salut, les sources de la grâce et de la verité en vue de la vie éternelle.
« Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ».
On appartient à l’Eglise de corps et de cœur, c’est à dire visiblement et invisiblement.
Visiblement, par le culte catholique; fréquenter la messe et les sacrements, vivre l’année liturgique et ses grands rendez-vous, professer la foi non seulement en paroles, mais dans toute sa vie. Nous sommes fiers de la Tradition vivante où nous sommes enracinés; fiers légitimement de l’excellence de ce que nous avons reçu. Conscients aussi de nos limites et de nos responsabilités pour transmettre et proposer le trésor. Toute richesse génère une gratitude et une responsabilité. La « devise de la maison » ne change donc pas depuis cet été; « venez et voyez » (Notre Seigneur) – « vous n’êtes pas des catholiques à part, vous êtes des catholiques à part entière » (Un évêque aux pèlerins de Chartres il y a quelques années).
Invisiblement, par l’inhabitation du Saint Esprit dans nos âmes, et par ses bonnes impulsions; la grace sanctifiante, les vertus et les dons.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, tout ton esprit, toute ton âme.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
La paroisse est d’abord une échelle1 pour nous élever tous vers Dieu, ensuite un pont2pour nous relier avec le prochain. Elle est aussi une barrière3. Si si… une barrière, un mur; un rempart contre l’esprit mondain, qui entre chez nous comme chez les autres!
Ce programme spirituel passe ensuite dans une vie commune.
On y trouve un secours dans la présence et l’exemple des frères dans la foi. Encouragement mutuel pour perséverer, avancer dans la foi ! Soutien spirituel et humain pour ceux qui sont éprouvés, tentés. On y reçoit un mérite dans l’exercice de la charité fraternelle ; une aimable familiarité, jointe au respect mutuel.
« Vous supportant les uns les autres avec charité » … Les humeurs opposées; ça vient, forcément… Dieu l’a permis! Nous ne sommes pas pareils, interchangeables; tant mieux! Nos dissemblances ne doivent pas tourner en antipathie. Pas d’éloignement subtil, entretenu ; « isolement« … être une petite île… et faire de la paroisse un « archipel »… Et imiter Robinson Crusoé (sympathique,… mais pas saint). Rendre l’entourage transparent. Corrigeons ce qui pourra nuire à cet esprit de famille spirituelle. Les critiques, les conseils et les avis seront bons, avec moderation. Nous sommes tous perfectibles. Dans une certaine mesure…
Rapport avec le prêtre; c’est le pasteur d’une communauté.
Représentant de Jésus Christ Tête et Pasteur. Ministre des sacrements, homme de la prière et du sacrifice de la Messe, prédicateur et transmetteur de la foi (pas le seul, mais un des principaux dans l’Eglise!).
Mais aussi trait d’union, lien entre les fidèles. Avec dévouement et franchise. Entre prêtre et fidèles, la générosité entraine la générosité. dans les 2 sens! (Réciprocité, entr’admiration, édification mutuelle) J’aimerais cette année encore vérifier la phrase entendue de la part d’un fidèle voici quelques années; « ce que nous apprécions et attendons, c’est que vous soyiez un pasteur, non seulement à la tête, mais au milieu de vos fidèles« .
Régularité, fidélité.
La liturgie traditionnelle peut impressionner, frapper (émotion, esthétique, …). Mais elle n’est interiorisée, goûtée, découverte que par une longue fréquentation. Un mal de notre temps nous guette; toucher à tout, s’arrêter à rien, profiter peu. De même pour la transmission de la foi, catéchisme, conférences, etc… de même pour le service. Prier, servir, se dévouer, quand c’est amusant, et quand ça ne l’est plus (ou moins). Excellente disposition de vie intérieure!
Voilà quelques repères pour une estime juste de la vie paroissiale, ses avantages essentiels, ses exigences aussi. Apprécions-les. Réjouissons-nous de voir les autres participer aux grâces que nous recevons (car elles sont aussi à notre disposition…) Une communauté catholique est un cercle, non pas fermé, mais rapproché et incarné. Une incarnation de la communion des saints.
Terminons par 2 questions intéressantes et inséparables;
Qu’est-ce que ma paroisse fait pour moi (et pour les autres)?
Qu’est-ce que je peux faire pour ma paroisse? (avec les autres).
************************
1Une échelle. Messire Dieu, premier servi! Une paroisse est centrée, orientée, tournée vers le Seigneur, théocentrique. On ne doit rien y préférer à l’oeuvre de Dieu, la liturgie. Le salut des âmes, la sainteté, la béatitude, la vie spirituelle se reçoivent avant de se donner, de se transmettre, de se répandre. Donc, priorité à la Présence de Dieu, sa grâce, son sacrifice, ses sacrements, son enseignement de vie et de verité, son exemple.
2Un pont. Cela inspire ensuite la charité, notamment ceux qui participent aux mêmes biens spirituels que nous, au même endroit que nous. C’est normal. Le prochain à aimer à cause de Dieu, il n’est pas resté coincé dans le lectionnaire tout à l’heure, ou dans votre lecture spirituelle de la semaine, ou dans le manuel de caté. Il est là.
Puis-je préciser, suggérer?… Charité de saluer, de connaître les noms et les visages, de prendre des nouvelles et des coordonnées, de partager les bonnes informations, les propositions spirituelles, rendre service, pratiquer l’entraide… Il y a au moins un dénominateur commun entre nous tous, dès le départ de cette année; nous sommes tous des pécheurs, des adorateurs et des serviteurs. Soyons des transmetteurs, au sein de cette communauté et tout autour, par cercles concentriques. Ne soyons pas des consommateurs… ou des âmes encapuchonnées, comme disait Ste Thérèse d’Avila!
3 Une barrière. Mais une barrière qui protège de la seule chose que Jésus a maudite; l’esprit mondain. Le défi chrétien est d’être présent dans le monde, et de savoir, quand c’est nécessaire, opposer un refus à l’esprit mondain (Jean Louis LAGOR, Une autre chevalerie naîtra).