Mes chers enfants,
Regardez, écoutez. Pour un moment, le violet de l’Avent, de l’attente, cède la place au rose. Du violet avec du blanc. Comme une éclaircie. Il y a encore le retour de l’orgue, et des fleurs sur l’autel.
Avec un peu d’avance, nous pensons aujourd’hui au bout de l’Avent. Nous regardons l’anniversaire de l’Incarnation, de la naissance du Seigneur. Dieu est si grand, mais Jésus est si proche !
Mes enfants, offrez au Bon Dieu, pas seulement vos peines, mais vos joies. Celles de la crèche… de la venue de St Nicolas… de la procession en l’honneur de Marie conçue sans péchés… de vos efforts de l’avent… de vos actes d’adoration, de foi, d’amour de Dieu et du prochain durant ces jours…
Chaque Avent, chaque année liturgique, St Paul vient nous redire, nous répéter ;
soyez toujours joyeux, dans le Seigneur !
***************************************
Gaudete in Domino semper. Iterum dico gaudete.
bien chers frères et sœurs,
Dieu est le seul secret de la joie continue des saints. Leur joie insolente, incongrue, insolite… inexplicable.
Joie de Saint Théophane Venard, qui se sait pourtant en danger de mort à cause du Christ ; Gaudium quotquot quod det ! De la joie, quoi que Dieu donne.
Joie de St Thomas More au moment même de son martyre ; Lieutenant, je vous prie de m’aider à monter. Pour descendre, ce ne sera pas la peine !
Joie de St Jean Baptiste, alors qu’il est en prison, abandonné de tous, au milieu de ses derniers disciples déçus. « L’ami de l’époux se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie, et elle est parfaite. Il faut que lui grandisse et que moi je diminue ». En écho à l’éclaireur du Christ, la loi des éclaireurs répète ; Le scout est maître de soi, il sourit et chante dans les difficultés.
Joie spirituelle. Toujours joyeux dans le Seigneur ! C’est le climat ordinaire de l’âme chrétienne1. Cette joie est nécessaire à quiconque veut avancer, progresser2. La cause de cette joie, c’est Dieu… La joie de l’âme est droite, pure, quand elle est dans le Seigneur. Cette joie de Dieu est notre force (Néhémie).
Et parce que Dieu ne passe pas, Dieu ne change pas, alors cette joie est continue. Comme cette note continue en sourdine du chant grégorien, elle est une dominante de l’âme chrétienne. Alors pour l’âme joyeuse, tout instant est comme un été fleuri, dit l’Ancien Testament.
Notre tristesse temporelle indique seulement, non l’absence totale de cette joie chrétienne, mais son imperfection. S’attrister de ce qui passe ? Oui, certes, car nous ne sommes pas insensibles aux choses de la terre. Nous sommes catholiques, pas bouddhistes ou stoïciens ! Mais s’attrister avec moderation, en passant seulement. Sainte Vierge Marie, faites-nous ce cœur simple qui ne savoure pas les tristesses3. Joie de la proximité de Dieu, de son approche. Mon Fils se laisse toucher, dit Notre Dame à Pontmain.
Si ta joie est en Dieu, alors elle grandit à la pensée de son incarnation. Tu l’entendras décuplée par les mots de l’ange dans la nuit de Noël ; Je vous annonce une grande joie qui sera pour vous, et pour tout le peuple ; il vous est né un sauveur4.
Cette joie se manifeste et se répand ensuite, dans l’action comme dans la contemplation. La conversation divine, l’échange, le commerce avec Dieu est sans amertume (Sagesse, VIII, 16). Joie communicative, contagieuse. Comme tous les biens spirituels, la joie chrétienne ne diminue pas en se communiquant. Mieux, elle ne peut demeurer sans se partager.
Joie pure, qui ne se réduit pas, ne se retrécit pas aux seuls plaisirs immédiats. Joie exigeante, non pas joie mondaine, ou dissipation.
Ce qui réjouit le cœur de l’homme, c’est la présence, l’approche, la proximité de l’Ami5. Dieu est proche. Il n’est qu’une chose qui peut interrompre cette joie, c’est le péché.
Avec cette joie, repos spirituel.
Ne soyez inquiets de rien. Dieu seul suffit. Combien cette exhortation nous est nécessaires, car nos pauvres cœurs humains ne savent pas aimer sans inquiétude, tant que dure cette vie… Il est un soin légitime et droit, juste6. La joie de Dieu n’est pas l’insouciance, la légèreté de l’égoïsme, de la superficialité. Elle n’est pas non plus l’excès de sérieux, l’anxiété, le défaut d’esperance. Mais enfin, je n’y puis rien, je suis inquiet, me direz-vous ! Et la raison est là, parfois bien réelle, bien lourde. Soit… Jette ton souci en Dieu, lui prendra soin de toi7. Ton inquiétude est porte d’entrée de la prière, ouverture à Dieu, non repli sur toi-même…
Paix spirituelle.
Que cette paix de Dieu qui surpasse tout ce que l’on peut exprimer, garde vos cœurs et vos intelligences.
Joie, repos, paix dans le Seigneur, … toujours.
Sainte Vierge Marie, faites-nous ce cœur simple qui ne savoure pas les tristesses !
***************************
1St Philippe Néri.
2St Thomas d’Aquin.
3Prière du Père Léonce de Grandmaison, SJ.
4Luc II, 10. Evangile de la Messe de la Nuit.
5St Thomas d’Aquin.
6St Thomas, commentaire de l’Epitre du jour.
7I Pierre, dernier chapitre.