Revenons avec St Pierre et Paul aux fondements de l’Eglise.
Regardez ces colonnes, piliers visibles des églises et cathédrales. Elles symbolisent et rappellent Pierre et les Apôtres, fondements de l’Eglise.
Jésus a institué, fondé une Eglise. Mais ce n’est pas tout. Il a fondé, institué une Eglise hierarchique, stable en son essentiel, sa constitution. Pas un syndicat, un think tank, une ONG « évolutive » et « liquide », en ébullition perpétuelle.
Hierarchie… administration froide et gestionnaire, bureaucratie en blanc, rouge, violet et noir qui « nous en fait voir de toutes les couleurs »? Ce serait trop peu… Simple organisation « fonctionnelle », utilitaire ?
Hierarchie = ordre sacré. Disposition organique d’un être vivant, un corps spirituel, une institution visible et invisible. Hieros = le sacré. D’un mot tout est dit. D’un mot est stoppé toute tentative de dénaturation, de mise à jour séduisante et fausse de l’Eglise, dans sa constitution intime, son mystère profond.
Ecoutons donc Clément de Rome, 4ème pape de 92 à 99 après Jésus Christ. Témoin autorisé de la Tradition, dépositaire de l’enseignement du Christ et des Apôtres, il nous redit qui sont St Pierre et Paul, pourquoi les honorer. Il nous montre les fondements et les limites de l’autorité sacrée, l’ordre et la juridiction dans l’Eglise. Il rapproche autorité et responsabilité, grandeur de hierarchie et grandeur de sainteté. Il montre que l’autorité spirituelle doit être exercée et reçue dans la crainte du Seigneur, fondement de toute autorité.
St Pierre et Paul ?
« Des héros qui nous touchent de tout près … des généreux exemples… les plus grands et les plus justes… les colonnes… ayant subi la persécution et combattu jusqu’à la mort. (…) Pierre subit non pas une ou deux épreuves, mais de nombreuses, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s’en est allé au séjour de la gloire, où l’avait conduit son mérite. Paul a montré quel est le prix de la patience : chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu’aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c’est ainsi qu’il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience[1]. »
La hierarchie de l’Eglise ?
« Prenons notre corps : la tête n’est rien sans les pieds ; de même les pieds ne sont rien sans la tête. Et nos moindres membres sont nécessaires et utiles au corps entier ; ou plutôt tous ensemble conspirent et collaborent dans une unanime obéissance au salut du corps entier. »
La veritable unité de l’Eglise ?
« Qu’il demeure donc entier ce corps que nous formons en Jésus-Christ ! Que chacun respecte en son prochain le charisme qu’il a reçu. (…) Nous devons faire avec ordre tout ce que le maître nous a ordonné d’accomplir en temps déterminés.(…) En suivant les ordonnances du maître, on ne peut faillir. Au grand prêtre des fonctions particulières sont confiées ; les prêtres ont leur place, les lévites leur service, le laïc les obligations des laïcs. Que chacun d’entre nous, frères, à son rang, plaise à Dieu par une bonne conscience, sans vouloir franchir les limites régulières de son office, en toute dignité. »
Ceux qui ont reçu leur charge des Apôtres doivent exercer leur charge « en toute humilité, sans trouble ni mesquinerie », d’autant plus humbles qu’ils sont plus grands, cherchant l’utilité commune et non la leur propre. Dans l’Eglise, grandeur de hierarchie et grandeur de sainteté sont distinctes, certes. Elles ne coïncident pas toujours… Et déjà Notre Seigneur cite les pharisiens assis sur la chaire de Moïse, qu’il ne faut pas imiter dans leurs œuvres, qui disent et ne font pas[2]…
Concluons avec les mots pertinents de Monseigneur Rougé, Evêque de Nanterre ;
« L’Eglise en elle-même n’est pas très intéressante, même pour les chrétiens, ou plutôt elle n’est intéressante que dans la mesure où elle rayonne de la lumière du Christ. En dehors de cette perspective d’esperance et de foi, les débats ecclesiastiques internes sont condamnés à la médiocrité, voire à la violence et la sterilité. Il faut lutter contre l’asphyxie des âmes et des communautés, par un service et un témoignage humble, joyeux, profond, courageux et perseverant. [3]»
C’est le choix de la Fraternité St Pierre dès l’origine, le choix de la fidélité. Fidélité tantôt facile, tantôt éprouvée.
Cette fidélité des prêtres et des laïcs, elle est aujourd’hui écartelée, en tension. Elle est rendue difficile, mais elle reste possible, avec la grâce du Seigneur.
Que passent les rieurs, les moqueurs, les faiseurs de procès, les caporaux et les esprits chagrins. Nous avons fait, et nous maintenons le choix d’être Cum Petro, et sub eo. Parce que c’est le choix du Christ, le choix de Dieu.
Marie Mère de l’Eglise, Apôtres et martyrs Pierre et Paul, gardez-nous en cette fidélité!
[1] St Clément de Rome, Epitre aux Corinthiens, chapitre 5.
[2] Matthieu, XXIII.
[3] Le sacerdoce, joie de l’Eglise, 28 juin 2022.