Chers enfants,
Vous connaissez sûrement la devise de Ste Jeanne d’Arc ; Messire Dieu premier servi !
Comme elle avait bien compris l’évangile de ce jour. Dieu est notre maître, notre créateur, notre seigneur. Nous l’appelons ainsi dans le Kyrie ; Seigneur. Nous sommes faits pour le connaître, l’aimer et le servir. En particulier, en l’adorant pendant la Ste Messe. Alors, mes chers enfants, adorez le Bon Dieu, et en particulier pendant la Messe. Par votre bonne tenue, votre silence, vos chants, vos beaux gestes de prière.
A la consécration, dites la prière de St Thomas à Jésus ressuscité ; Mon Seigneur et mon Dieu !
A la communion, dites ; Seigneur, je crois que vous venez dans mon cœur… Cette fois, comme la 1ère fois !
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Personne ne peut servir 2 Maîtres.
MBCF et S,
Toute notre vie est liturgie, service du Seigneur. En un sens large et cependant vrai. Et tout le reste s’y rattache, tout le reste est orienté en ce sens.
L’attachement aux biens terrestres, leur possession ou leur recherche, leur usage est non pas condamné mais régulé[1] par ce principe. Toujours l’Eglise a confirmé 2 règles d’or au sujet des richesses matérielles; le légitime droit de propriété privée d’une part, la destination universelle des biens d’autre part.
« Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis »[2]. Moi, et nul autre, et rien d’autre.
On passera bien vite sur ce péché d’idôlatrie dans l’examen de conscience fourni par St Paul, à l’épitre du jour… Et pourtant… Le Catéchisme, lui s’arrête et nous explique ;
« En effet, l’idolâtrie ne concerne pas seulement les faux cultes du paganisme. Elle reste une tentation constante de la foi. Elle consiste à diviniser ce qui n’est pas Dieu. Il y a idolâtrie dès lors que l’homme honore et révère une créature à la place de Dieu, qu’il s’agisse des dieux ou des démons, de pouvoir, de plaisir, de la race, des ancêtres, de l’État, de l’argent, etc. «Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon», dit Jésus (Mt 6:24). (…) L’idolâtrie récuse l’unique Seigneurie de Dieu; elle est donc incompatible avec la communion divine (cf. Ga 5:20; Ep 5:5) »[3].
C’est d’une formidable actualité.
J’en veux pour preuve la ferveur processionnaire qui saisit le pays lors des soldes de janvier étendues à février, ou lors du Black Friday, ce nouveau vendredi saint avec octave – l’inquiétude religieuse qui saisit Mr Dupont quand il voit son pouvoir d’achat restreint à l’achat d’un seul pot de moutarde à la fois… – la quasi excommunication qui frappe Gwendoline parce que dans sa classe de 6ème, elle seule n’a pas encore portable et forfait illimité. Ainsi, par un savoureux paradoxe, l’époque qui a pour Credo ni Dieu ni maître s’est donnée en nombre des dieux et des maîtres ; Mammon et successeurs.
Donc c’est clair ; où Dieu n’est pas, n’est plus premier servi commence et recommence l’idôlatrie. Imperceptiblement, intérieurement d’abord.
Pourquoi ? 3 passages, quelques mots de l’Evangile du jour nous éclairent ;
Scit Pater vester quia indigetis. Le Père des cieux sait de quoi vous avez besoin…
En fait, l’être humain est tout en creux, pourrait-on dire. C’est un être de manque, de besoin, de désir et de dépendance. Foncièrement. Egenus et pauper sum ego – je suis fait de besoin, de manque, de pauvreté. Quelle profondeur dans ce verset de psaume! Me voici, non propriétaire, mais seulement intendant et responsable de ma propre existence, et de ce qui la soutient…
Difficile d’accepter ce creux… Et de ne pas être séduit sur ce qui le comble… il faudra discipliner, orienter, mesurer cette capacité de désir, et les actes qu’elle entraine du côté des biens matériels. Parce que si le creux de l’être humain est infini, les richesses terrestres, elles, ne le sont pas.
Quanto magis… Combien plus!
Voilà le secret, le début de l’abondance et de l’insouciance retrouvées… du bon côté. Le Père céleste sait de quoi nous avons besoin. Pas seulement quoi, mais aussi quand, et comment. Il prend grand soin de nous…
Nolite solliciti esse… Ne soyez pas excessivement préoccupés de cela…
Il est donc bon, vital que demeure, dans l’histoire, dans l’Eglise, une pauvreté évangélique universelle ; elle consiste dans le détachement intérieur des biens de ce monde. J’apprends à être dans l’abondance comme dans la pénurie[4], dit St Paul. C’est pour tous!
Elle se réalise ensuite, pour l’extérieur, dans une variété d’états de vie, de régime de biens, de niveaux de richesse ou de propriété ; avec de l’inégalité sans injustice, puisque le superflu des uns peut être dédié librement à soulager l’indigence et procurer le nécessaire des autres. C’est selon chacun!
Il est bon encore que dans l’Eglise demeure, aujourd’hui encore, cet état de vie où l’on renonce, non au nécessaire – mais à posséder en propre même le nécessaire, et ce à cause du premier nécessaire. J’ai entendu tel religieux dire « notre montre » en regardant la sienne. J’ai souri, et ensuite j’ai compris. Ce n’était pas la sienne.
Gardez et exercez une foi vive dans l’immense bonté de Dieu, la valeur des biens spirituels ; le bon catéchisme et la bonne doctrine – les sacrements – les commandements de Dieu. « C’est chose si bonne qu’on n’en peut trouver de meilleure ». Acceptez la peine du gagne pain, et les petits détachements extérieurs que la Providence sème dans vos journées. Et surtout, contemplez souvent le détachement du Seigneur, le confort et le nécessaire de sa crèche et de sa croix.
[1] CEC 2424-2425.
[2] St Jean, XIII, 13.
[4] Philippiens IV, 12.