. « J’ai choisi ce lieu, et je l’ai sanctifié, afin que mon nom y soit à jamais, et que mes yeux et mon cœur y soient toujours attachés.»
Je voudrais vous parler de la cathédrale – de l’ubiquité de Dieu et de sa proximité – de l’image du Christ, de la Vierge Marie, de l’Eglise catholique – enfin de son message et de sa beauté.
- La cathédrale est l’église principale ou église mère du diocèse, siège de l’évêque, représentant du Christ, successeur des Apôtres, docteur, juge et pasteur des âmes.
Dedicare, c’est offrir, donner, réserver à…
Cathedra, c’est le trône, siège et insigne de fonction ; fonction d’enseigner et juger.
- Ubiquité et proximité ; Dieu présent partout, Dieu présent ici.
Dès l’Ancien Testament, des rites sacrés expriment l’invisible par le sensible.
Dieu a tout fait pour sa gloire. Il remplit la Création de sa Présence.
Immense et sans mesure, rien ne peut le contenir.
Cependant, Il choisit certains lieux pour y habiter plus spécialement[1].
Quels rites ? Au temps des patriarches, c’est la simple onction d’une pierre, et l’offrande d’un sacrifice. Alta-re, lieu élevé. Puis c’est une construction ; au désert, tente éphémère où Dieu habite avec son peuple nomade – à Jerusalem, Temple colossal où Dieu montre sa gloire et reçoit le culte qui lui est dû.
- Image du Christ, de la Vierge, de l’Eglise catholique.
La cathédrale a subi bien des épreuves au fil de l’histoire… Entre autre elle est frappée par la foudre et consumée par le feu en 1194. Une coalition de grands et de petits, de riches et de pauvres se forme, de tous les coins de l’Europe chrétienne.
Le 17 octobre 1260, sous le pontificat du pape Alexandre IV, et le règne de St Louis, Mgr Pierre de Mincy, Evêque de Chartres, consacre la cathédrale. Une foule immense de clercs et de fidèles assiste à cet acte sacré.
Il prend possession du lieu pour le Seigneur. Il le consacre, par le baptême d’eau grégorienne et les onctions de St Chrême. Il consacre les autels, lieux du sacrifice, acte le plus expressif de l’adoration envers le Créateur. Il introduit en procession les reliques, les images, les statues des saints et saintes. Enfin il célèbre la Messe[2].
Détruisez ce Temple, et en 3 jours, je le rebâtirai…
La demeure de Dieu parmi les hommes, c’est l’Humanité Sainte de Jésus. C’est aussi le sein très pur de la Vierge Marie. c’est encore l’Eglise catholique, veritable Eglise du Christ, temple du saint Esprit. Le Christ est sa pierre d’angle, son fondement premier – le pape et les évêques son fondement secondaire, ses colonnes – les fidèles enfin en sont les pierres vivantes spirituelles.
Temple spirituel, l’Eglise catholique connait – à la ressemblance de son divin Maître, des effondrements et des relèvements. Des passions et des résurrections.
Enfin, l’église visible est porte du ciel, elle évoque la Jerusalem céleste, beata pacis visio. Ce lieu de la vision simple, du face-à-face ininterrompu et béatifiant… Ils seront son peuple, et Lui sera Dieu avec eux… toujours.
- Message et beauté de la cathédrale.
Charme de création… puissance de création … La grandeur et la beauté des créatures font connaître par analogie Celui qui en est le Créateur. Pèlerin de passage ou habitant d’ici, nous vivons à l’ombre ou à l’horizon de cette beauté sacrée. Sa vue inspire à nos cœurs et nos voix le chant de Péguy[3], ou encore, le cri de Jacob à Béthel ;
Dieu est ici, et moi je ne le savais pas ![4].
Vous l’aurez compris, le minéral se fait vivant, l’édifice seculaire s’anime, il parle à qui veut l’entendre. A notre siècle de silence de Dieu, de silence sur Dieu, de clameur contre Dieu, la cathédrale redit: « S’ils se taisent, mes pierres crieront » !
Mes frères, visitez vos églises, prenez-en grand soin.
Ne passez pas seulement devant, entrez-y. Et pas uniquement le dimanche. Courte visite ou longue adoration, Messe basse ou office solennelle, toujours le Maître des lieux vous y reçoit, vous bénit, vous accueille, vous console. « J’ai choisi ce lieu, et je l’ai sanctifié, afin que mon nom y soit à jamais, et que mes yeux et mon cœur y soient toujours attachés.»
Gardez intact, entretenez ce je ne sais quoi de respect et de confiance – cette profonde impression de majesté et d’intimité divine – ce tremblement et cette joie spirituelle.
Oui… Béthel, c’est ici, maintenant – et Jacob, c’est vous. Amen !
[1] Est-il donc croyable que Dieu habite avec les hommes sur la terre ? Car si le ciel et les cieux des cieux ne peuvent vous contenir ; combien moins cette maison que j’ai bâtie ! – Mes yeux seront ouverts, et mes oreilles attentives à la prière de celui qui m’invoquera en ce lieu. (Parallipomènes).
[2] Cf Rite de la Dédicace, Pontifical Romain. Cette liturgie est élaborée entre le 6ème et le 11ème siècle.
[3] Un homme de chez nous, de la glèbe féconde/ A fait jaillir ici d’un seul enlèvement, / Et d’une seule source et d’un seul portement, / Vers votre assomption la flèche unique au monde.
Tour de David voici votre tour beauceronne. / C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté / Vers un ciel de clémence et de sérénité, / Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.
Un homme de chez nous a fait ici jaillir, / Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix, / Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois, / La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.
[4] Genèse XXVIII, 16-17 – Introït de la Dédicace.