MBCF et S,
Cette fête de tous les saints honore l’Eglise, Corps mystique du Christ.
Et plus spécialement cet état glorieux, triomphant de l’Eglise, où sont déjà les saints et les anges dans le ciel.
L’Eglise est ce grand corps, visible et invisible. Elle a différents états ; elle triomphe dans la gloire divine, elle souffre dans le Purgatoire, elle combat sur la terre.
Au terme de l’histoire, l’Eglise toute entière sera dans son état définitif, triomphant et glorieux. N’est-elle pas Corps mystique du Christ ? Alors l’état de son chef, glorieux, immortel, sera aussi celui des élus, ses membres. Alors, affirme St Paul, Dieu sera tout en tous, Dieu aura tout récapitulé dans le Christ. Ce seront les cieux nouveaux et la terre nouvelle.
Nous connaissons déjà quelques-uns de ces citoyens des cieux, nos frères d’âme et d’armes ; l’Eglise déclare infailliblement qu’ils sont avec Dieu, dans la gloire… elle nous les donne pour alliés dans le ciel, pour exemples sur la terre. Elle les appelle à la rescousse dans sa grande prière des litanies, au Canon de la Messe, entre autre… ils ont leur part du culte et de la prière de l’Eglise – leur culte de dulie. Ils ont leur jour et leur fête particulière, écho de la fête éternelle.
Cette fête fut instituée lorsqu’on réunit les restes corporels des saints martyrs des 1° siècles, dans l’Eglise du Panthéon à Rome. Elle honore d’un coup tous les autres saints, ces anonymes de la terre, connus de Dieu seul. Car « les saints ont leur ordre propre de grandeur ; ils sont vus de Dieu, et cela leur suffit », dit Blaise Pascal.
Et je pose une première question ; fréquentez-vous les saints ? Leur vie et leurs actes ? Quelle est votre dernière lecture de vie de saints, au moins quelques lignes dans le missel ?
Le nombre des élus, ces âmes aimées et choisies par Dieu dans son secret, sera complet dans le ciel. Le chiffre de 144000 n’est pas litteral, arithmétique: Dieu seul sait combien sont ces élus, inscrits au livre de vie. Ce chiffre est symbolique ; 12 représente la perfection, et 12 x 12 x 1000 la plénitude de la perfection. En bref, personne alors ne manquera à « l’appel divin ». Et voici la 2ème question ; ai-je le désir d’en être ? Désir efficace, volonté arrêtée, et non velleité sans lendemain ?
Quel est le sort des saints dans la lumière? Ecoutons St Grégoire : « Abondance des joies de la cité d’en haut ! Prendre place parmi les anges, être admis en présence de la gloire du Créateur en compagnie des esprits bienheureux, contempler de près le visage de Dieu, voir la lumière infinie, ne plus rien avoir à craindre de la mort, se réjouir du don de l’éternelle incorruptibilité. Dans la cité céleste, les élus sont dans l’allégresse. »
3ème question ; est-ce que je crois à cette vie éternelle ? Est-ce que j’en tire les conséquences ?
St Grégoire poursuit : « Nous demeurons tièdes quand il s’agit d’aimer l’éternité,
nous ne brûlons d’aucun désir,
et nous ne cherchons pas à prendre part à une fête si magnifique !
Et privés de ces joies, nous sommes contents !
Réveillons donc nos âmes, mes frères !
Les aimer ainsi, c’est déjà y aller, déjà y être. »
Ainsi, la vie éternelle, c’est maintenant et déjà – c’est aussi à venir, pas encore.
La grâce et la charité théologale, c’est le ciel commencé, tout de suite.
Car le ciel, ce ne sera pas autre chose, ce sera seulement autrement.
La toussaint et les béatitudes apportent une attitude intérieure stable, solide ; se réjouir de la grandeur des récompenses, sans s’effrayer des épreuves laborieuses.
Paradoxe divin, le bonheur du ciel, la béatitude commence dans et à travers les épreuves de la terre. Ce sont les 8 béatitudes ; des sommets de vie chrétienne, symbolisées par la croix à 8 pointes, celle des chevaliers et des scouts.
Bienheureux donc vous qui êtes détachés des biens matériels et spirituels, intérieurement comme extérieurement
et vous qui êtes, non pas mous, mais doux
et vous qui êtes, non pas irénistes et lâches, mais porteurs de la paix divine en vous et autour de vous
et vous encore, qui avez faim et soif de la justice, celle que donne la grâce
et vous qui pleurez dans la pénitence sur le péché, par les larmes du cœur
et vous encore qui gardez un cœur pur dans un monde sali et menteur,
et vous enfin qui souffrez contradiction, persécution, mensonge et calomnie sans faute de votre part, à cause du Nom de Jésus
Radicalement, il faut choisir. Chaque jour. Le ciel, ou les paradis artificiels.
Le ciel n’est pas un rêve, c’est une réalité achevée dans les saints du ciel, commencée dans nos âmes par la grâce.
Le ciel dure toujours, car Dieu ne change pas, il ne passe pas, il ne s’épuise pas.
Et la sainteté est un rêve de jeunesse réalisé dans l’âge mûr. Difficile, mais possible, par la miséricorde de Dieu.