Le Seigneur donnera sa bénédiction, et notre terre produira son fruit.
Parcourant certains lieux de Palestine en pèlerinage, j’ai vu la terre de Dieu sèche, stérile. Elle était craquelée, durcie, béante en maints endroits. Et la végétation séchait, accablée de chaleur minérale. Epineux ou maigres arbustes tordus se disputaient les rares coins d’ombre.
Parcourant dans sa science divine l’étendue du temps et de l’espace, Dieu voit. Dieu voit sa création, l’humanité devenue terre aride, après le péché originel. Il voit la terre des âmes, brûlée de péché, sterile, désolée …
Sitivit anima mea… Anima mea sicut terra sine aqua tibi.
Mon âme a soif de vous… Elle est devant vous comme une terre sans eau.
Mais Dieu se penche et murmure au désert;
« Consolamini, Consolamini, popule meus… Salvabo te, noli timere.
Console-toi, console-toi, mon peuple… Je vais te sauver, ne crains pas».
Comme en réponse, Il entend monter un chant dans le silence. Un chant qu’Il connait bien, c’est Lui qui l’a appris aux âmes. Il l’inspire et le suscite, avant de le recevoir.
C’est comme une plainte sublime, un peu déchirante. Ou plutôt, un cri d’amour, de désir, d’humilité…
« In te confido, non erubescam… ». Une confiance dans une promesse lointaine, souventes fois rappelée, confuse d’abord, puis précise…
« Ad Te levavi animam meam… Qui te expectant non confudentur ». Une attente, mais avec un je ne sais quoi de joie et d’esperance qui soulève l’âme ;
RORATE !
Cieux, faites descendre votre rosée d’en haut…
Que les nuées fassent pleuvoir le juste !
Que la terre s’entr’ouvre, qu’elle fasse germer le Sauveur.
Et voici qu’au milieu du désert, un rameau surgit de la tige de Jessé, et même une fleur. Jésus né de Marie, plein de grâce et de verité. L’eau vive de la grâce jaillit de nouveau… De sa plénitude nous recevons tout, grâce pour grâce.
« Vous tous qui avez soif,
venez, buvez, puisez gratuitement, dans la joie, aux sources du Sauveur ».
Le désert irrigué refleurit … La terre porte de nouveau son fruit pour le divin jardinier. Ce fruit est très beau. On le voit dans la main de la Vierge du pilier. C’est le fruit de salut, de grâce.
Mes frères, c’est cela, l’Avent ;
se souvenir de la première floraison, de la première ferveur de l’âme. Retrouver une âme de commençant.
C’est encore attendre, désirer. L’eau n’entrera bien que dans les creux. Est-ce que mon âme est en creux ? A mesure du désir spirituel, ce desiderium caritatis, soif de charité allumée depuis le jour du baptême.
3 figures nous accompagneront au désert de l’âme en attente de floraison ;
Saint Isaïe, l’homme des grands désirs, pour creuser l’âme.
Saint Jean Baptiste, l’homme de la pénitence, pour dégager l’âme ; une pierre, un chiendent à retirer, peut-être?
La Vierge Marie, pour confier et présenter l’âme, la tenir devant Dieu en confiance et abandon. Rien de plus important, redit-elle à chaque Angelus. Et rien d’impossible à Dieu. Voici… Me voici Seigneur.
Alors… Le Seigneur donnera sa bénédiction, et notre terre produira son fruit. Amen.