L’Evangile de ce jour est surprenant. A plus d’un titre… 4 surprises mariales.
1ère surprise… Le moment le plus décisif de l’histoire de l’humanité, celui où le Verbe se fait chair dans le sein de la Vierge Marie, par l’action du St Esprit, est enveloppé de silence.
Personne n’en parle.
C’est une loi de la vie spirituelle. Ce qui est vraiment grand passe souvent inaperçu. Quel contraste ! Le silence tranquille des œuvres de Dieu dans l’Eglise et dans nos âmes est plus fécond que l’agitation frénétique qui caractérise notre époque.
2ème surprise ; la Vierge Marie est en même temps toute recueillir et toute ouverte à l’écoute de Dieu. Nul obstacle, nul écran entre elle et Dieu. Sa relation à Dieu est sans faille, si minime soit-elle. Pas de séparation. Nulle ombre d’égoïsme. Son petit cœur humain est centré sur le grand cœur de Dieu.
« Seigneur, dit Claudel, que votre créature est ouverte, et qu’elle est profonde ! » La créature fermée sur elle-même par le péché et le mensonge, le monde fermé, hors de Dieu, se rétrécissent et se détruisent. La créature ouverte sur Dieu par la foi, l’esperance et la charité trouve sa vraie profondeur. Marie en est le modèle.
Nous sommes très souvent sollicités et attentifs au jeu des forces économiques et politiques. Mais plus profond, il y a des forces agissantes, morales et spirituelles. Marie immaculée nous conduit à cette profondeur. Le Saint Esprit, qui la couvre de son ombre, est celui qui scrute tout, même les profondeurs de Dieu. L’ample Alleluia entendu tout à l’heure nous fait entendre l’écho de cette divine profondeur.
3ème surprise ; le salut du monde n’est pas l’œuvre de l’homme, de la science, de la technique, de l’idéologie. Mais de la grâce. Ave gratia plena. (Lc 1, 28). Oui, la puissance de Dieu est plus forte que le mal. Elle remplit. Elle aplanit les collines d’orgueil et d’égoïsme, comble les ravins de désesperance. Rien d’autre ne le peut. Marie nous redit avec douceur et force ; en cette vie, aucune créature n’est tombée trop bas pour être hors de portée de ce Dieu. Il descend jusqu’au sein de la Vierge à Nazareth, au creux de la mangeoire à Bethléem, à la poussière du sol devant la pécheresse et ses accusateurs, au bois de la croix à Jerusalem, aux enfers… Quel que soit l’éloignement de notre cœur, Dieu est toujours « plus grand que notre cœur » (1 Jn 3, 20).
4ème surprise ; la joie. Gaudens gaudebo in Domino. Cette montée, cette élévation sonore de l’Introït, c’est l’élan de la Vierge Marie, c’est tout son Magnificat. Il a regardé l’abaissement de sa servante. Il dépose les puissants de leur trone, il élève les humbles. Respexit ; il regarde, Il baisse les yeux – Deposuit ; il dépose, il renverse – Exaltavit ; il élève, il relève. La grâce nous met en accord avec cet élan, elle nous entraine dans cet élan. Des rachetés à la suite de la 1ère et mieux rachetée. Des pécheurs pardonnés à la suite de la préservée du péché. Des affranchis à la suite de la Vierge franche, souverainement libre. Voilà la suprise. Le christianisme est essentiellement un « évangile », une « joyeuse nouvelle », alors que certains pensent qu’il est un obstacle à la joie, parce qu’ils y voient un ensemble d’interdictions et de règles. En réalité, le christianisme est l’annonce de la victoire de la grâce sur le péché, de la vie sur la mort. Et s’il comporte des renoncements et une discipline de l’esprit, du cœur et du comportement, c’est précisément parce qu’il y a, en l’homme, la racine nocive de l’égoïsme, qui blesse soi-même et les autres.
En ce temps d’Avent, ô Marie Immaculée, enseignez-nous à écouter la voix de Dieu qui parle dans le silence, à accueillir sa grâce qui nous libère du péché et de tout égoïsme ; faites-nous goûter ainsi la vraie joie. Marie, comblée de grâce, priez pour nous !