Chers fidèles,
voici un petit mot pour donner des nouvelles et quelques encouragements spirituels (de plus!)
Le titre appelle peu de commentaires, et rejoint, je pense, bien des confidences reçues ces derniers jours… « Dieu, mon Dieu, dès l’aurore je veille devant Vous… Comme un cerf assoiffé désire la source d’eaux vives, ainsi mon âme Vous désire… Mon âme a soif du Dieu vivant, quand viendrai-je et paraitrai-je devant la face du Seigneur? » (Psaume 42 et « Sicut cervus » de la Vigile Pascale).
Ce psaume est une prière de désir. Un cri de soif. On pourrait presque y entendre de l’impatience… Un autre cri spirituel des psaumes lui correspond; « Je (ne) serai rassasié (que) lorsque paraitra votre gloire! » (Psaume 17).
Nous savons que la vie surnaturelle commencée en nous avec le baptême a 2 âges principaux;
- celui de la foi, sur terre, dans un « clair obscur » où nous connaissons Dieu « comme en miroir et en énigme« .
- Et puis celui de la vision, dans la lumière de gloire, où Dieu se fait connaître immédiatement. C’est là (et là seulement) que « le coeur et le corps exsulteront dans le Dieu vivant« . Continuellement et toujours, après la résurrection de la chair. C’est là seulement que tout l’être, avec le corps et l’âme, la sensibilité intérieure et extérieure, l’intelligence et la volonté, se réjouira en Dieu. C’est là seulement que se trouve la béatitude achevée, « plena et perfecta quietatio totius desiderii – plein et parfait repos de tout désir« , selon la belle définition de la théologie classique. C’est le terme de l’esperance chrétienne.
Ce rappel nous est profitable. Car le confinement « pris par le bon bout » peut en même temps purifier et augmenter le désir de Dieu. Je tiens pour malheureuse une âme chrétienne qui se borne à « cocher des cases » ou « suivre des habitudes » sans jamais songer à ce désir de Dieu et ce qui le favorise. En régime chrétien, pas d’amour sans devoir, mais pas de devoir sans amour non plus.
Combien nous sommes rendus (d’avantage) lucides sur la valeur juste et le poids de ces aides spirituelles, ces moyens de salut que sont la Messe, la communion eucharistique, la confession regulière, le lieu saint de l’église, l’exemple et la fréquentation de nos frères dans la foi! Combien nous mesurons, dans le creuset de cette vie confinée, notre lot de faiblesse, y compris dans la relation à Dieu!
Encore une fois, prenons les choses par le bon bout. Le temps pascal où nous sommes a certes un petit goût de Carême, en raison des restrictions. Sachons, non pas nous regarder (trop!), et nous plaindre (trop!)… Mais pensons à nos anciens et frères dans la foi, hier et aujourd’hui. Pour eux comme pour nous, c’était sans faute ou négligence qu’ils étaient privés de ces moyens de sanctification.
Pensons aux chrétiens d’Orient privés de prêtre, de messe, de sacrements. Pensons aux communautés des pays de mission et de persécution qui ont vécu et transmis la foi sur des générations en l’absence de prêtres…
Et pour finir, un dernier verset de psaume. « Posuisti lacrymas meas in conspectu tuo – Vous avez posé mes larmes devant Vous« . On pleure de bien des manières, et pour bien des raisons (avec ou sans raison, parfois…) Les larmes spirituelles de la contrition (regret de nos fautes), de la purification intérieure sont précieuses aux yeux de Dieu; larmes d’amour et de coeur, elles n’empêchent pas la joie de la résurrection, et de la charité. Ne gardons pas cela pour nous, n’en accablons pas notre prochain qui ne peut pas toujours les porter. Offrons-les à Dieu. Cette « sainte impatience » de Dieu et des choses de Dieu, pour sûr, ce n’est pas seulement des larmes, c’est un honneur, une grâce, et une offrande à ne pas Lui refuser! Il y a de l’espoir pour la France chrétienne, l’Eglise et l’avenir du christianisme tant que de telles larmes sont « posées devant Dieu!«
Ceux qui moissonnent dans les larmes récolteront dans la joie!
vd abbé Alexis Garnier