Nous vous en prions, Seigneur :
que le cours du monde soit pour nous paisible
sous la conduite de votre providence ;
et que votre Église vous serve avec joie dans la tranquilité.
MBCF et S,
affirmons ce qu’est la Providence, voyons 3 figures de chrétiens fermes et confiants dans la Providence, puis cherchons et occupons notre place dans ce plan de la Providence.
La Providence.
Pro-videre. Dieu voit, Il prévoit, Il pourvoit. Sa providence, son gouvernement sage atteint d’une extrémité à l’autre des mondes et des univers, et dispose tout avec force et douceur. Même les choses cachées, même les futurs et les possibles, même nos libres vouloirs d’homme et leurs conséquences.
Il y a une providence générale pour tous; Dieu fait fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes1.
Et puis il y a une providence spéciale; le soin que Dieu prend des âmes ; Vous valez bien plus et mieux que les moineaux, et les lys des champs dont je prends soin pourtant. Dieu n’est pas antispéciste.
Qu’est-ce que la foi et la confiance en la Providence ?
Un non à l’inertie, à l’insouciance. C’est coupable si on sait, on peut et doit faire le bien ou empêcher le mal et qu’on n’agit pas.
Un non aussi à l’inquiétude excessive. Elle est accablante, stérile, source d’amertume et d’agitation.
Un oui à la confiance en Dieu, à la grandeur d’âme et la détermination.
La foi vive, la confiance en la Providence font des chefs d’oeuvre. En voici 3.
Jehanne d’Arc bouscule les hésitations d’un dauphin pusillanime puis jaloux, les flagorneries de courtisans et conseillers, le découragement des hommes d’arme. « Besognons, et Dieu besognera ! »
Cathelineau, le Saint de l’Anjou, père de famille devenu général de l’armée vendéenne, apaise l’inquiétude de son épouse devant son départ pour défendre les autels, le roi et les foyers2.
« Qu’allons-nous devenir ?
- Dieu pour qui je vais combattre en aura soin ».
Mgr Von Galen, le lion de Münster, rugit contre les lois iniques d’élimination du totalitarisme nazi3, jusqu’à faire reculer Adolf Hitler lui-même.
Le propre du sage est d’ordonner, dit Aristote. En toute chose il faut considérer la fin . Quel but, quel terme? Et même, la fin ultime, celle qui ordonne les autres et leur donne sens. Elle donne un éclairage, un tri, un ordre à nos rêves, nos projets, nos ambitions, nos décisions grandes et petites.
Or qui est plus sage que Dieu? Nous pouvons interroger sa pensée sur nous, notamment à l’occasion des épreuves ou des échecs4.
La fin ultime de Dieu, le sommet de notre esperance, ce sont les cieux nouveaux et la terre nouvelle5. Mais notre esperance complète, incarnée inclue encore tout ce qui est dans la ligne, la direction de cet achèvement.
Et c’est pourquoi l’image de cette esperance chrétienne est l’attente de l’enfant. Il est comme une part et une image des parents. Il est cependant une personne distincte, grandissant par union et séparation. Il est le fruit d’une longue attente, de bien des larmes et des souffrances continuées d’ailleurs après la naissance. C’est le chef d’oeuvre patient et obstiné de l’éducation, reflet de la Providence de Dieu.
Voyez-vous ce qu’il faut pour que naisse et grandisse un enfant jusqu’à la maturité ? Du petit commencement, de la conception, … jusqu’à l’être de chair, de sang, d’esprit, de cœur et de volonté.
Dieu voit ce qu’il faut pour que renaisse et grandisse l’univers racheté par la Croix et le sang de Jésus… Du petit commencement de l’Incarnation, de la Rédemption, de l’Eglise de Pentecôte jusqu’à la Jerusalem céleste.
Dans le film la Passion, Notre Dame assiste au sanglant et douloureux enfantement de rédemption, lors du chemin de croix. Au chevet de son fils tombé sous la croix, elle entend de Lui ; « Vois, Mère, je fais toute chose nouvelle6 ».
Pensée divine, pensée féconde si on veut bien la partager.
La providence annule le mythe du progrès linéaire et continu.
Elle éteint encore les tentations de pessimisme ou d’amertume.
Elle rappelle que la tranquilité de Dieu et de son Eglise est autre chose que le seul bien être payé au prix de l’inacceptable et des compromissions.
Elle n’éteint pas mais elle réveille le souci des autres biens intermédiaires, subordonnés7. Bien de l’Eglise, bien de la patrie charnelle, bien de la famille. Bien plus grands et divins à mesure qu’ils sont plus larges, plus communs, plus généraux.
Ceci explique le rôle civilisateur de l’Eglise et de la Chrétienté. Ceci donne son sens ultime à la moindre mesure de bien accomplie, même modeste, même cachée. On ne fait pas cela pour soi. On ne fait rien pour soi tout seul.
La providence montre la valeur et grandeur d’une vie d’homme et de chrétien. Baden Powell et le Père Sevin l’avaient compris ;
Puissiez vous quitter cette terre en la laissant un peu meilleure que vous l’aurez trouvée8.
Il y aura quelque chose de changé en mieux, là où il y a un scout, un éclaireur9.
Scoutisme n’est autre que vie chrétienne complète, en bon équilibre de nature et de grâce.
Promesse scoute n’est autre que promesse du baptême renouvelée et vécue.
Croix scoute n’est autre que croix du Christ, idéal de sainteté aux 8 béatitudes.
Seigneur, quelle est ma place dans le plan de votre Providence?
Dans votre Eglise, dans mon pays, ma famille, mon école, ma troupe scoute, mon groupe d’amis, ma paroisse ?
Ma place, toute ma place, et rien que ma place10! C’est la seule qui compte en définitive. La seule à chercher, à trouver, à occuper toujours plus et mieux. Sans ombre au prochain. Sans comparaison avec lui, mais avec le bien que vous avez mis en moi, et le bien que vous attendez de moi.
Beau sujet de méditation pour les vacances prochaines. Posez-vous devant le Seigneur, écoutez-le vous répondre sans bruit dans la prière, comme par ses intermédiaires autorisés.
1Matt, V, 45.
2Pro aris, rege et focis. Devise du 1er drapeau de la Grande Armée Catholique et Royale.
3Cf Sermon du 3 aout 1941.
4Péguy le fait avec angoisse et véhémence, en particulier face à l’épreuve du mal : hésitation ou chute des bons, triomphe immédiat et prosperité des méchants. Cf Mystère de la Charité de Jehanne d’Arc, début de la pièce.
5Cf Catéchisme de l’Eglise Catholique, nn° 1042 et suivants. « Et lui le Seigneur Il sera Dieu avec eux. Et Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21, 4 ; cf. 21, 27).
6Référence directe à Apocalypse, XXI, 5.
7CEC 1049.
8Dernier message de BP aux scouts et guides du monde entier.
9Méditations scoutes sur l’Evangile.
10 C’est ça, l’humilité. Verité. Verité sur Dieu, verité de nous-même sous le regard de Dieu. Et ensuite, simplicité, cohérence, unité de vie sans cesse recherchée ou rétablie.