Le confinement vécu plusieurs semaines a bouleversé nos vies, notre cadre de vie, notre règle de vie, nos habitudes… Nombreux sont ceux qui leur ont conseillé de mettre en place un rythme et de s’y tenir. Tous les (bons) psychologues ont invité à… prendre des résolutions sans dire le mot alors que c’est bien de cela dont il s’agit.
Pourtant, pas plus tard que le 9 janvier 2020, un article paraissait sur le site internet Fabuleuses au foyer dont le titre était : « bonnes résolutions : la grosse arnaque». Peut-être avez-vous lu cet article ou un autre, avec la même pensée…
Alors faut-il prendre des résolutions ou pas ?
La réponse est évidemment oui et l’arnaque n’est pas dans les résolutions mais dans l’article cité ci-dessus qui mélange tout et ne hiérarchise rien sans oublier qu’il fait l’impasse totale sur la dimension verticale et spirituelle de l’homme et de ses obligations devant Dieu ce qui est inadmissible pour un(e) catholique. Arnaque donc, d’autant plus préjudiciable…
Alors, pourquoi les résolutions ?
1) « Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n’entreront pas dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui FAIT la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » Mat 7,21
Comme chacun sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Et l’homme est souvent beau-parleur mais peu prompt à faire ce qu’il dit. L’homme passe son temps à vouloir changer l’autre (son conjoint, son proche, son collègue, son confrère,…). Mais il est incapable de se changer lui-même et n’en a pas la volonté ferme.
- Aveuglement devant ses propres défauts,
- acuité extrême et même maladive devant les défauts des autres C’est la parabole de la paille et de la poutre en Mat 7, 3-5… hypocrite violemment condamné par Jésus, bien faible de volonté pour se convertir.
- Devenir libre ! Ma volonté est malade : je ne fais pas ce que je DOIS faire mais ce que j’aime faire, ce que je fais facilement et inversement… Les résolutions sont donc un puissant moyen pour me libérer de l’esclavage de moi-même, plus ou moins conscient, hélas… La liberté n’est pas de faire seulement ce que l’on aime, ce que l’on veut (bien souvent, ce dont on a envie). Elle est d’aimer, de vouloir ce que l’on fait… Et de faire le bien.
Quels sont les principes pour prendre de bonnes résolutions ?
Ils sont quatre :
1) elles doivent être peu nombreuses car plus elles seront nombreuses plus je risque de ne pas les suivre.
2) elles doivent être réalistes. Aller seule à Jérusalem à pied alors que je suis mère de famille, n’est pas réaliste… Prier un Rosaire complet tous les jours alors que je ne dis pas une dizaine de chapelet quotidiennement ne l’est pas non plus…
3) elles doivent être contrôlables c’est-à-dire mesurables. Si je dis « je vais prier plus » ou « je vais regarder moins la TV » cela n’est pas mesurable donc ne sera pas tenu. En revanche dire « je vais prier 10 mn à 7h avant de descendre prendre mon petit-déjeuner », cela est facilement contrôlable.
- le faire devant témoin : évidemment cela va m’encourager puissamment si je les prends devant mon directeur spirituel auquel je devrai rendre compte lors de notre prochaine rencontre… Ou devant mon conjoint… Ou mon collocataire, mon frère scout, mon collègue de travail, etc… car ils se feront un plaisir de m’aider à les tenir… comme ils auront aussi été garants du fait qu’elles sont réalistes et contrôlables. « Ah mon chéri tu es déjà en bas pour prendre ton café alors que tu m’avais dit que tu ferais oraison 10 mn avant de descendre ?! » « Ah, ma chérie, tu m’avais dit que tu arrêterais ton groupe What’sapp de copines et je vois que tu y es toujours accrochée ?! » « Ah, je vois que ta résolution d’arriver à l’heure/ en avance (à la messe, au boulot, à tel rdv) est déjà conjuguée au passé… » « Ah, ta décision de ménage/rangement/propreté a manifestement été zappée… » Merveilleuse institution que la vie commune !
Quel risque avec quelles conséquences encourt-on à ne pas respecter ces principes ?
Le risque est simple : il est de ne pas tenir les résolutions. Et cela conduit à deux conséquences d’autant plus graves qu’elles sont souvent inconscientes…
- La première est de se dire : « Dieu ne m’a pas aidé par sa grâce » Je ne peux donc pas compter sur Dieu, Dieu est absent, je ne peux lui faire confiance… C’est faux ! C’est ta résolution qui n’était pas ajustée !
- La seconde est de se dire : « je suis nul car je n’ai pas tenu ma résolution ». « Tu vois tu ne peux pas changer puisque tu n’as pas tenu tes résolutions ». Là aussi c’est faux ! Conséquence la confiance en soi disparait et le découragement arrive.
Dans les 2 cas, Satan a gagné… tout cela parce que les principes n’ont pas été respectés. Alors chers lecteurs, à vos résolutions !
Avec l’aimable autorisation de l’abbé Baudon de Mony, et d’après l’article paru dans la Lettre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSP, n° 103. L’abbé Baudon de Mony est prédicateur de retraites spirituelles et en charge de l’apostolat de la Fraternité St Pierre au Mans.