Que celui qui volait ne vole plus,
mais plutôt qu’il s’occupe en travaillant des mains à quelque chose de bon,
pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin.
MBCF,
Travailler, et faire travailler.
L’ancien testament dit; «regarde la fourmi et ne sois pas paresseux». Et le chapitre 48° de la Règle de St Benoit règle le travail de chacun. Il faut le reconnaître cependant; aujourd’hui, travailler (ou faire travailler), gagner ainsi le nécessaire pour soi et les siens peut être rendu difficile, voire impossible malgré nous.
Chers enfants, chers jeunes, vos parents et professeurs sont bienveillants envers vous, ils vous aiment vraiment lorsqu’ils attendent de vous la juste mesure d’effort, les objectifs exigeants et possibles. Tout cela peut se faire dans la joie d’apprendre, d’avancer et de grandir dans le vrai, le beau, le bien.
Évidemment, ce sera en général plus agréable d’entendre sonner le début de la récréation que la fin, de voir arriver la pause ou le WE que la reprise de début d’après midi, ou de semaine …
Ensuite, grands ou petits, estimez votre capacité de travail; telle mesure d’intelligence, de volonté, de talents, de sensibilité, de caractère, d’endurance… Tout cela joue. Donnez votre mesure – demandez à vos subordonnés de le faire aussi.
Ayez une vive estime du travail des autres, de leur talent … Même s’il n’est pas payé, consideré, ou pas aussi bien, ou mieux1.
Dieu place nos talents respectifs tantôt dans les hautes sphères du cerveau, tantôt dans le cœur, tantôt au bout des doigts. Cela se complète harmonieusement.
Estimez et cultivez le talent, ne le forcez pas ; ni chez vous, ni chez les autres.
Ne l’enterrez pas non plus ; par lâcheté ou procrastination – par dérision, indifférence, cynisme et manque de consideration pour celui des autres.
Aidez-vous, aidez-les à (re)passer du « je suis nul » (ou « je suis génial ») à « je suis fier, généreux, compétent, capable et humble, je donne ma mesure». Inlassablement. Patiemment.
Cultiver les talents, soit. Mais que cette application ne va pas sans peine, au moins de temps à autre… travailler, c’est aussi porter la croix.
Dieu a mis l’homme au travail pour qu’il garde la création2.
Il l’a maintenu au travail après le péché originel pour qu’il participe à sa rédemption3.
Le travail n’est pas une suite du péché, la peine du travail, si. Mais désormais cette peine est féconde, en union au grand travail de Jésus, sa Passion pour les âmes.
Travailler à quelquechose de bon.
Le chrétien emploie bien son temps. Dieu le lui donne, Dieu en demandera des comptes. Que répondre pour le temps non employé, mais gaspillé?
Le chrétien est attentif à faire le bien. Pas tout les biens imaginables, ou n’importe lequel. Non… celui que Dieu attend de lui ici et maintenant. Il y a un temps pour tout. Concédons-le, l’utilité, le sens du travail ne saute pas aux yeux toujours ou immédiatement.
L’obligation professionnelle, le devoir de compétence, l’ambition, l’imperatif de « pouvoir » et de « faire » ne rendent pas bon un acte mauvais en lui-même. La fin ne justifie pas les moyens, l’intention bonne ne change pas un acte mauvais en soi. Les Pères remarquent qu’après la résurrection, certains apôtres ont un temps repris leur métier, d’autres non. Selon que c’était compatible, ou non, avec l’appartenance au Seigneur, la fidélité aux commandements.
Le chrétien est encore attentif à bien faire ou mieux faire. Pour certains, l’ordre dans le travail… pour d’autres, la paix… Pour d’autres encore, la modération dans le rythme ou l’ambition (pas d’agitation, de fuite, d’évitement ou d’offense au prochain sous ce prétexte) pour d’autres enfin la patience, sans jamais reculer devant la lassitude et les difficultés4.
Que d’occasions de faire le bien, de bien faire.
Mais aussi que d’occasions d’éviter le mal, grâce à une bonne occupation. Et une seule à la fois. Et bonnement, généreusement, patiemment. Il est bon aussi d’avoir de cet ouvrage paisible, facilité par l’habitude, où les mains sont au travail et le cœur à Dieu. Quelle diversion avantageuse à nombre de tentations…
Ca ne changera pas le système… Non, mais cela nous change nous-mêmes, et d’ordinaire plutôt en bien. Les tricheries, fraudes, l’assistanat des uns aux dépens des autres continueront peut-être, mais ça ne passera pas par vous, et c’est bien. D’autre part, il y a un exemple du chrétien au travail. Ce n’est pas le seul, mais c’en est un, et précieux. Il y a un devoir de compétence et d’application.
Aimez pour finir ceux qui, sans faute de leur part, ne font désormais plus rien ou très peu à vue humaine; les malades. Vous éviterez ainsi la démesure dans le pouvoir de produire et consommer.
Sinon, à l’inverse, vous passerez peut-être à côté d’une Ste Bernadette sans la voir.
Oui, … besognons, mes amis, besognons en bien et pour le bien, … Et Dieu besognera5, sans nul doute, avant nous, en nous, autour de nous, et bien mieux que nous encore !
1«Tout ce qui peut être compté ne compte pas forcément, et tout ce qui compte ne peut pas être compté.» (Albert Einstein).
2Dieu prit l’homme et l’installa dans un jardin de délice pour qu’il travaille et le garde. Gen II, 15.
3Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Gen III, 19.
4Prière de St Pie X à St Joseph, modèle des travailleurs.
5Ste Jehanne d’Arc.