« Ne me pleure plus, ô Mère,
bien que tu aies vu gisant dans le tombeau
le Fils que tu avais conçu sans semence en ton sein.
Car je suis ressuscité et glorifié,
et dans ma gloire divine,
j’exalterai pour l’éternité les fidèles qui t’aiment et chantent ta gloire.
Par ma volonté la terre m’a recouvert, ô Mère,
mais les gardiens de l’enfer tremblent en me voyant1 ».
Mes bien chers frères et sœurs,
Ne me pleure plus… Echo des paroles dites à la veuve de Naïm qui pleurait son unique2. C’est une icône célèbre de nos frères d’Orient.
bien que tu aies vu gisant dans le tombeau
le Fils que tu avais conçu sans semence en ton sein ».
Le signe de Jonas a été donné aux hommes. Jésus a été conçu, est né, est mort en notre vie d’homme. Il a passé par le sein de la Mère et celui de la terre. C’était la 9ème heure, 15h ce 1er jour vendredi de nisan, l’avril des hébreux, l’an 30. Il est demeuré au tombeau au 2ème jour du samedi. Il ressuscite dans la nuit, qui appartient au 3ème jour, le dimanche3.
Car je suis ressuscité et glorifié,
Christos anesti- alithos anesti4! Dans la Passion de Mel Gibson, l’Agneau immolé, le Christ de douleur et de douceur agenouillé dans la poussière murmure déjà à sa Mère; « Voici, je fais toutes choses nouvelles ». Quelle anticipation!
Oui, désormais l’Agneau comme immolé est le flambeau de la cité céleste. Il essuie toute larme des yeux, et il n’y a plus ni guerre, ni cris, ni deuils.
A son Père éternel, à sa mère immaculée, à son Eglise et à notre âme, Jésus chante l’Introït du jour ; « Je suis ressuscité, et de nouveau je suis avec toi ».
Dans ma gloire divine, j’exalterai pour l’éternité les fidèles qui t’aiment et chantent ta gloire.
Regina coeli, Laetare ! Déjà le premier état des choses s’en va. Il s’en est allé dans le Christ et la Vierge bénie. Et pour nous, le corps encore douloureux pour un temps ne disparaitra pas pour toujours!
La puissance divine tirera ce corps de la poussière, une deuxième fois. Et notre esperance de coressuscités va jusque là. Il sera glorieux ; agile, subtil, impassible et immortel, lumineux. Alors le premier état de chose aura pleinement passé. Je crois à la résurrection de la chair, à l’éternelle vie.
Par ma volonté la terre m’a recouvert, ô Mère,
Mais les gardiens de l’enfer tremblent en me voyant ».
« Le Seigneur pose sur la créature sa droite en disant: Ne crains point! Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J’étais mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts5».
Ce saint corps du Seigneur a été un temps sans vie humaine, jamais sans divinité. Sans vie mais toujours sans corruption.
L’âme de Jésus, elle, est descendue aux enfers, les limbes des patriarches. Elle a fracassé les portes de la mort6 qui retenaient ceux qui avaient cru, esperé et aimé d’avance le Christ, le Messie à venir, le Béni de Dieu. Posuisti super me manum tuam… Alors oui, l’enfer a tremblé, et tout ce qu’il inspire.
La résurrection de Jésus, source de la nôtre!
Voilà bien le seul transhumanisme, le seul posthumanisme qui a de l’avenir.
Oui la souffrance et la mort, filles du péché, ont été versées dans l’abîme de l’amour divin, comme la goutte d’eau dans le vin de l’Offertoire.
O Jésus, au Jardin de Résurrection, essuyez toute larme des yeux; ce sont lesvestiges du premier Jardin de perdition, et de votre jardin d’agonie. Associez-nous à la joie et la paix de votre Mère en ce jour.
En vous, en elle déjà le premier état des choses a passé, et vous renouvelez toute chose7.
Au parterre de nos âmes,
ces jardins défrichés par le Carême,
arrosés des larmes de pénitence,
que brille la foi,
qu’entre l’enfant esperance,
et que multiplient les fruits de charité.
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1Prière de Ste Mère Teresa.
2Luc VII, 11-17.
3St Thomas commente ce délai convenable ; plus long, les disciples auraient cédé à l’infidélité, au désespoir, à l’indifférence ennemie de l’amour. Moins long, les adversaires de Jésus auraient pu remettre en cause la verité de sa mort, et partant celle de sa Résurrection.
4Acclamation grecque pour la fête de la Résurrection du Seigneur.
5Apocalypse, I, 17-18.
6Répons du Samedi Saint, Office des Ténèbres.
7Apocalypse XXI, 4 et suivants.