S’il te plait… Dessine-moi un… pasteur!
Mes bien chers frères et sœurs,
Ce dimanche du Bon Pasteur, 2ème après Pâques, nous prions pour les vocations sacerdotales. Qu’est-ce qu’il y a dans le sacrement de l’Ordre, dans le prêtre? Un double choix, une vocation – Un pouvoir. Donc une responsabilité – Une fidélité – Un amour spécial, réciproque.
1. Double choix. Un choix de Dieu, d’abord, un choix d’homme ensuite.
Choix premier de Dieu. Appel, vocation;
«Eloignez-vous de moi, Seigneur, parce que je suis un homme pécheur. Désormais, ce sont des hommes que tu prendras1». «Viens, suis-moi2». «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisi».
Pour ne laisser aucun doute sur une question qui concerne la constitution divine de l’Église et « en vertu de [sa] mission de confirmer [ses] frères » St Jean Paul II a infailliblement déclaré que «l’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes. Cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église3».
En effet, «le prêtre agit en la personne du Christ, époux de l’Église, et son être d’homme est un élément indispensable de cette représentation sacramentelle». Marie, modèle achevé de l’Eglise, n’a pas reçu l’ordination. Elle n’est pas prêtre, mais offrante. Ainsi le masculin et le féminin de la Création sont assumés dans la Rédemption. Cette différence n’est pas source de tension et d’opposition, mais d’enrichissement mutuel4.
Choix d’homme ensuite. Par étapes…
L’enfant se dit; «Prêtre, pourquoi pas?». Il joue à faire comme papa, ou comme monsieur l’abbé. Il rêve, il imite. C’est légitime, touchant, et sérieux.
Le jeune voit les possibilités d’avenir et veut être heureux. Quels projets pour cela? Quelle inclination? Métier, mariage, fondation d’une famille. Et à côté, juste à côté cette question à se poser; «Et … prêtre?». Il se construit, il prend conseil. Il écoute, réfléchit, prie; «Comment, où réaliser cette sainteté que vous voulez pour moi, Seigneur? Que voulez-vous que je fasse? Me voici! Adsum!». Un jour enfin il tranche, choisit, se risque. Avec sa tête, son cœur, ses mains. Tout entier. Avec la grâce de Dieu aussi.
Sa maturité humaine, doctrinale, spirituelle sera forgée, consolidée, éprouvée durant les 7 années de seminaire. Temps décisif, d’où l’importance d’un séminaire solide, d’une formation en pleine fidélité à la Tradition vivante de l’Eglise.
Viendra l’heure de faire le pas – de s’étendre au sol, en signe de donation totale et perpétuelle – de recevoir l’imposition des mains de l’évêque – enfin de poser ses mains dans celle du successeur des Apôtres. «Promets-tu à moi et à tes supérieurs légitimes, obéissance et révérence pour le temps de ta vie? Je promets! Promitto»
2. Pouvoir ensuite. Autorité spirituelle confiée pour servir Dieu et des âmes. Le prêtre participe de 2 pouvoirs de Jésus; ordre et juridiction.
Par l’ordre, le prêtre change le pain et le vin au Corps du Seigneur, il pardonne les péchés. Dans l’Eglise, il est l’homme du sacrifice et de la prière. Que le Seigneur reçoive de vos mains le sacrifice, pour la louange et la gloire de son Nom, pour notre profit et celui de toute sa Sainte Eglise5. Nous voyons cela au Jeudi Saint.
Par la juridiction, le prêtre sanctifie les âmes. Une portion du troupeau lui est confiée. Il devient père des âmes. CP d’une patrouille, dans la grande troupe des enfants de Dieu. «Sais-tu que c’est charge d’âme que tu prends? Oui, et c’est sans crainte que je la prends, avec la grâce de Dieu». Nous voyons cela aujourd’hui.
Or tout pouvoir, richesse, talent entraine responsabilité de même grandeur.
S’il te plait… dessine-moi un pasteur, un bon pasteur. Les Epitres de St Pierre, les Epitres pastorales de St Paul tracent l’idéal de vie du bon pasteur; «Occupez-vous du troupeau de Dieu qui vous est confié. Veillez sur lui, non à contrecoeur, mais de bon coeur, selon Dieu. Non pour un sordide profit, mais avec l’élan du cœur. Non en petits chefs de ceux qui vous sont confiés, mais en modèles du troupeau6.»
Se faire connaître et aimer pour soi-même ? Non. Mais faire connaître et aimer Dieu et les choses de Dieu, oui. La joie sacerdotale est de voir les âmes aller, non à lui, mais à Dieu en passant par lui. Et de voir Dieu toucher les âmes en passant par lui. Joie de va et vient, de serviteur, de Baptiste ; « Tous vont au Christ dont vous rendez témoignage – c’est ma joie, et elle est parfaite. Qu’il grandisse, que je diminue7 ».
3. Fidélité.
La fidélité du Pasteur tout neuf ou ancien est un reflet de la fidélité de Dieu. Reflet imparfait, car nous portons le trésor dans des vases d’argile. Mais tout de même… Merveilleuse argile que le Christ Prêtre n’a pas dédaigné. Malgré ses fentes, ses failles, ses brisures parfois. Ca compte à travers réussites et échecs – ça compte plus que réussites et échecs.
4. Amour réciproque. C’est le fin du fin, l’âme de toute vocation.
«Jésus, ayant posé son regard sur lui, l’aima».
«Pierre, m’aimes-tu? Seigneur, vous savez tout, vous savez bien que je vous aime. Pais mes brebis, pais mes agneaux».
S’il te plait, dessine-moi un bon pasteur…
Mes frères, prions pour les vocations sacerdotales. C’est un échange de bien8. Demandez au Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Si vous le voulez, vous pouvez rejoindre la Confraternité St Pierre, lien de prière et d’échange spirituel pour les prêtres et séminaristes de la Fraternité.
Vous savez que je vous aime, Seigneur.
Que ferai-je de bon? Que voulez-vous? Me voici.
Viens-suis moi. Pais mes brebis, pais mes agneaux.
1Luc V, 1-11.
2Matthieu, IX, 9-13.
3 Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis du 22 mai 1994, n° 4.
4 Declaration de la SCDF Inter Insigniores, n°5. Note de la SCDF A propos de certains doutes sur le caractère définitif de la doctrine d’Ordinatio sacerdotalis (29 mai 2018).
5Prière de l’Orate fratres, Offertoire, Ordinaire de la Messe.
6I Pierre V, 1-4. «Un chef peut avoir l’obéissance de ses hommes. Mais sans l’exemplarité, il ne saurait emporter leur adhésion » (Genéral Christophe Gomart.)
7 Maître, ce Christ qui était avec vous et à qui vous avez rendu témoignage, voici que tous vont à Lui ! Un homme ne peut rien s’attribuer sinon ce qui lui est venu de Dieu. Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux. L’ami de l’époux se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite. Il faut que Lui grandisse ; et que moi je diminue (Jn III, 22-30).
8 Comme disait le cardinal Mercier à ses fidèles. Vous sanctifiez les prêtres par vos prières, ils vous sanctifient par leur ministère.