La très belle épitre de ce jour nous parle de l’éternelle jeunesse, la plus belle, celle de la grâce. J’irai vers Dieu qui réjouit ma jeunesse! Il renouvelle ma jeunesse comme celle de l’aigle!
La grâce… c’est;
– D’abord un don, une initiative. Une prévenance de Dieu. Librement. Gratuitement. Il y a des choses bonnes qu’on se doit de donner, d’autres non. Dieu est libre dans ce don de la grâce. Il la donne par bonté, suffisamment, à tous. Comme dans une belle danse, un duo, Dieu est ce cavalier qui fait le premier pas, donne la première impulsion douce et forte.
– Ensuite, cette prévenance attend une réponse. C’est la part de notre liberté sous la grâce. Suivre le cavalier dans un mouvement double, mais harmonieux, uni.
Ah, la liberté… mot magique!
Mot tellement fort, que lorsqu’il est utilisé de manière sournoise, il peut fabriquer le consentement. Il peut justifier l’esclavage. Vous serez libres, vous serez de nouveau libres… Si vous voulez bien consentir à…
Tous les totalitarismes ont asservi l’être humain en prétendant travailler à sa liberté absolue; appelez cela émancipation, affranchissement, … Comme vous voulez; séduisante pensée passionnelle… A la racine de tout cela, il y a un premier mensonge, une suggestion; vous serez libres, affranchis de la mort… Vous saurez tout, vos yeux s’ouvriront. Vous serez comme des dieux. Avec le consentement obtenu, quel esclavage; le salaire du péché, c’est la mort. Avec le péché la mort est entrée dans le monde1. Double mort, double perte; perte de la vie humaine, du don d’immortalité ajoutée à notre condition. Perte de la vie divine, la première grâce d’Adam, et donc de son épanouissement en vie éternelle.
Ce père du mensonge, homicide dès le commencement, a sa clique et sa postérité. Combien de maîtres du soupçon, de manipulateurs et de menteurs professionnels, ayant pignon sur rue, depuis!
Mais alors la ressemblance de Dieu et de l’être humain, du créateur et de sa créature, oui ou non? Vrai ou faux, pour moi et les autres?
Vrai… c’est la liberté. Et une liberté en vue du bien.
Mais cette ressemblance a ses limites, elle a ses exigences.
- La liberté humaine n’est pas sans limite, absolue. Ce n’est pas une fin en soi. Péguy a bien diagnostiqué le problème moderne en évoquant notre liberté décevante et totale.
- Elle est donnée en vue du bien, mais elle est faillible et peut incliner au mal. « Je ne fais pas tout le bien que je voudrais, je fais le mal que je ne voudrais pas ». Elle admet des conditionnements, positifs et négatifs. Ne serait-ce que l’habitude, qui est une seconde nature. Voyez le nombre de choses que l’on fait par répétition et imitation… l’effort et la progression humaine et spirituelle, la maturité à atteindre passe par un travail, une juste connaissance de soi. Quelles sont mes habitudes de vie ? Quels sont mes choix de vie ? Quels sont mes exemples, mes influences ? Travail concret, précis, patient, à faire et refaire régulièrement… Grande sagesse que de faire les mises à jour, de couper telle mauvaise habitude ou influence, de prendre ou reprendre telle bonne résolution… C’est le remède à la schizophrénie spirituelle ! Cela commence dès la jeunesse, âge de la construction de soi. Construire le bon jugement, le bon caractère, le bon esprit, les bonnes amitiés… S’instruire dès sa jeunesse du chemin à prendre, car dans le grand âge on ne s’en écartera pas… On y reviendra (Proverbes XXII, 6).
En images… Souvent, nous avons à sortir les poubelles, faire le tri, éliminer les encombrants, chasser les nuisibles. Mais cela ne concerne pas que le matériel…
Tâchons de déceler le vieil homme en nous, concrètement. Ensuite de l’expulser, régulièrement. Quel non lucide et courageux à réfléchir, à dire, à tenir?
Et puis surtout, découvrons cet autre Christ que nous portons en nous par la grâce. , Estimons-le – aimons-le – laissons-le rayonner. Quel oui lucide et généreux à consentir?
Le Christ est totalement victorieux de la mort corporelle et spirituelle, elle n’a plus de pouvoir sur lui. Ce n’est pas un rêve, c’est un fait. Ce n’est pas une illusion, c’est un but à atteindre, à ne pas perdre de vue. C’est aussi le meilleur, le plus haut et bel usage que nous puissions faire de notre liberté et de tous nos talents reçus !
1Rom VI, 23.