Mes enfants,
la semaine dernière, je vous disais que votre âme est la cathédrale invisible où le Bon Dieu veut habiter – aujourd’hui, je vous dis que votre âme est la petite pièce que le Bon Dieu aime: il y a son image gravée dessus. Il l’aime. Il la cherche, la retrouve, la dépoussière du péché, la redore pour la mettre dans la poche de son éternité.
Ecoutez la parabole du Seigneur; une drachme, une toute petite pièce jaune. Elle est tombée par terre, dans la poussière ou sous un meuble – et une maitresse de maison ; vite elle éclaire, cherche, balaye. Ca y est, trouvé! C’est une toute petite pièce, oui, mais une belle pièce pour Dieu. A son image. Quelle grande joie quand Dieu retrouve une âme! Jésus vient retrouver votre âme; à la consécration – à la communion – à la bénédiction. Quand vous vous confessez, quand vous priez. Soyez de belles petites pièces pour le Seigneur!
Rendez l’homme à Dieu, parce qu’Il est image divine, frappée à l’effigie de Dieu…
MBCF et S,
C’est exactement le sens des paroles du Seigneur en ce dimanche. Reprenons.
Les pharisiens, premiers adeptes de la diabolisation, tentent de diaboliser Jésus.
Spirituellement, est diabolique celui qui est possédé, conduit par l’esprit du démon.
Couramment, est diabolique celui dont on peut prouver qu’il divise et oppose. Dia-ballein, c’est le sens du terme ; jeter en travers, disperser, diviser, opposer, désunir.
La question des pharisiens est malveillante.
D’abord, c’est une question sensible; il s’agit du trésor public et du porte-monnaie privé.
Et puis… Pensez donc…
Si Jésus répond sans plus ; OUI, payez l’impôt, il se fait le complice des occupants romains, tolerés comme un mal inévitable à l’époque. «Collabo», dirait-on maintenant.
Si Jésus répond sans plus; NON, ne payez pas l’impôt, alors il est coupable d’appel à la révolte contre l’autorité civile légitime. Ennemi public n°1.
Dans les 2 cas, son compte est bon. Plus tard ses adversaires l’accuseront faussement devant Pilate de «refuser de payer l’impôt à César». Après eux, d’autres viendront reprocher à son Eglise de se dresser contre César, de s’opposer à ses lois.
Mais Notre Seigneur sort de l’impasse, «par en-haut» si je puis dire.
Son Eglise exprime précisément ce que demande le 4ème commandement, d’honorer père et mère; participer à la vie de son pays. Entre autre, payer l’impôt quand il est juste. Cette doctrine sociale est conforme à l’enseignement de Jésus. Quant aux lois, l’Eglise rappelle qu’elles ne sont pas toutes égales. Lois humaines, lois divines. Elles peuvent se compléter, elles peuvent aussi parfois s’opposer. Et si c’est bien le cas, alors il vaudra mieux obéir à Dieu qu’aux hommes.
Le message de Notre Seigneur est le suivant.
Le Christ est (tenez-vous bien!) … le premier théoricien de la laïcité, bien avant 1789 ou 1905, n’en déplaise aux apôtres de ladite religion.
Car la laïcité distingue ce qui relève de Dieu, le spirituel – et ce qui relève de la société et de l’autorité civile, le temporel. Distinguer 2 sphères n’empêche pas de reconnaître qu’elles sont liées, et subordonnées l’une à l’autre. L’Eglise reconnaît la juste autonomie du temporel, certes. Elle proclame aussi que le temporel, ultimement, est ordonné à Dieu.
Ce que nous vivons aujourd’hui n’est donc plus laïcité mais laïcisme agressif; une idée vraie devenue fausse, une verité évangélique devenue folle. Charybde.
A l’inverse il y a la tentation de la théocratie. Confondre, réduire, absorber le temporel dans un spirituel dévoyé. Cela a un nom; cela s’appelle l’Islam. Sylla.
Notre civilisation occidentale post moderne, comme le bateau du vieil Ulysse, est coincée entre ces 2 périls. Voici la solution de Jésus et de son Eglise, la réponse de notre civilisation; César est légitime, distinct de Dieu – mais César vient de Dieu – et César n’est pas Dieu.
De qui est l’inscription, l’image?
Voilà la question clé. Notre Seigneur répond en questionnant, pour faire réfléchir, montrer la faiblesse de l’objection et l’hypocrisie des adversaires.
Le denier (la monnaie de l’époque) est frappé à l’effigie de César, l’autorité temporelle légitime du moment. Et bien, rendez à cette autorité ce qui lui est dû. Pas moins, pas plus. Limite au totalitarisme, dont je souligne qu’il découle historiquement du laïcisme agressif. Abolir l’autorité de droit divin , proclamer la mort de Dieu – et ensuite, déifier l’Etat ou autre chose – revendiquer la toute puissance, et asservir l’homme, du berceau à la tombe.
Voyez les exemples du 20° siècle.
Voyez le totalitarisme soft de nos jours, cet apprenti sorcier… il déconstruit l’être humain;
- préfabrication, sélection, élimination dès avant le berceau.
- Mutilation, suppression de l’inscription dans notre corps de la virilité et de la féminité, refus d’assumer et de cultiver cette merveilleuse différence.
- Pour finir, autodestruction légalisée pour le souffrant et l’incurable.
C’est le posthumanisme; on m’annonce plus de liberté, égalité, fraternité. Moi, je vois surtout l’homme devenu un loup pour lui-même. Et vous, que voyez-vous?
Alors l’image gravée dans l’être humain lui-même… Dans tout être humain, en vous, en moi… Dans un enfant à naître, un handicapé, un vieillard ou un incurable… De qui est-elle? La ressemblance, l’effigie inscrite dans le cœur de l’homme, à qui renvoie-t-elle? A Dieu.
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa ».
« Mon Dieu Vous avez fait la créature humaine,
et vous l’avez restauré admirablement… »1
Pensons à cela, notamment à chaque Messe.
La Messe est l’impôt que Dieu acquitte envers Lui-même pour l’homme pécheur insolvable.
Car la dette publique la plus formidable, la plus forte rançon de l’histoire, c’est le péché du monde.
La Messe n’est plus une déclaration d’impôt, mais une déclaration d’amour. Un amour miséricordieux infini qui rétablit la justice entre Dieu et le monde. Une déclaration, un acquittement, un versement fait sur la croix, refait sur l’autel.
C’est un Homme Dieu qui paye pour chacun de nous, le Seigneur! Incroyable… mais vrai.
Vous avez été rachetés à grand prix… (I Cor VI, 20 et VII, 23)
Non pas avec de l’or ou de l’argent,
mais avec le sang précieux d’un agneau immaculé, le Christ. (I Pierre, I, 19)
Oui, ne déifiez pas l’homme si c’est pour mieux le détruire.
Rendez-le à Dieu pour mieux le construire et le restaurer dans sa dignité vraie! Amen.
**************************
1 Gn 1, 27. L’homme tient une place unique dans la création : il est » à l’image de Dieu » (I) ; dans sa propre nature il unit le monde spirituel et le monde matériel (II) ; il est créé » homme et femme » (III) ; Dieu l’a établi dans son amitié (IV).
356 De toutes les créatures visibles, seul l’homme est » capable de connaître et d’aimer son Créateur » (GS 12, § 3) ; il est » la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » (GS 24, § 3) ;lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l’amour, la vie de Dieu. C’est à cette fin qu’il a été créé, et c’est là la raison fondamentale de sa dignité.
357 Parce qu’il est à l’image de Dieu l’individu humain a la dignité de personne : il n’est pas seulement quelque chose, mais quelqu’un. Il est capable de se connaître, de se posséder et de librement se donner et entrer en communion avec d’autres personnes, et il est appelé, par grâce, à une alliance avec son Créateur, à Lui offrir une réponse de foi et d’amour que nul autre ne peut donner à sa place.
358 Dieu a tout créé pour l’homme (cf. GS 12, § 1 ; 24, § 3 ; 39, § 1), mais l’homme a été créé pour servir et aimer Dieu et pour Lui offrir toute la création. (Catéchisme de l’Eglise catholique).