Il était une fois… un petit garçon très doué, mais aussi très inquiet… un peu compliqué. Lors d’un trajet en voiture, il demande un jour avec beaucoup de sérieux; qu’est-ce que Dieu ? Son père lui répond ; « c’est simple ; Dieu est Amour. Deus caritas est. » La réponse de St Jean.
Le culte du Cœur de Jésus est la meilleure réponse aux exigences de la vie spirituelle.
En notre ère digitalisée, on envoie des émojis. Symboles, images sensés exprimer un sentiment, une disposition intérieure. Ainsi l’émoticône du cœur ; « j’aime ». C’est très à la mode… ce n’est pas mauvais en soi. C’est aussi très insuffisant. L’amour de Dieu et du prochain, l’amour surnaturel ou naturel ne grandit pas en 2D ; désincarné, dévalué.
A côté de ce langage appauvri, on dessine des cœurs ; en tatouage, sur papier, sur l’écorce d’arbre… Mais quelle image, quel symbole pourrait bien nous dire l’amour de Dieu invisible? Son amour miséricordieux infini … Quelle réalité sensible pourrait l’exprimer adéquatement… la faire connaître parfaitement ? et surtout, où puiser, où retrouver cet amour réciproque, cette charité?
Dieu Lui-même est la réponse. En Personne, la 2ème de la Trinité, très exactement. C’est l’Incarnation. « Dieu, nul ne l’a jamais vu ; mais le Fils unique qui est dans le sein du Père, nous le fait connaître ». Dieu n’envoie pas d’émoji, d’émoticône pour se révéler. Il envoie le Fils, image du Père. Ce Fils de Dieu fait homme assume notre nature. Il se l’unit pleinement. Ce qu’Il est, Il le demeure – ce qu’Il n’était pas, Il le prend.
Dieu incarné prend donc un cœur.
C’est un vrai Cœur d’homme, un cœur de chair. C’est aussi le Cœur de Dieu. Car Jésus est Dieu. Tant vaut la personne, tant vaut ce qui lui appartient. Le cœur de Jésus est uni substantiellement au Verbe de Dieu, Il est donc le Cœur de Dieu, sans exagération.
Par excellence, c’est le siège, et le signe, et la source de l’amour. En fait, le Christ est Lui-même la Miséricorde divine incarnée, venue, manifestée, offerte aux âmes. Voilà l’accord profond de Ste Marguerite Marie et Ste Faustine, du Venerable Pie XII[1] et de St Jean Paul II[2], du culte au Sacré Cœur et au Christ Miséricordieux. Les commandements, les vertus, les sacrements sont des dons du Cœur de Jésus. Spécifiquement le Sacerdoce, l’Eucharistie, la Messe, la Vierge Marie et l’Eglise. Le pardon chrétien des offenses, la bonne résolution prise et tenue, le zèle sans amertume ni jalousie, la fin du découragement, de l’égoïsme et de la tristesse se puisent là.
Un homme, un adolescent doit chercher et construire ; un jugement vrai, un caractère ferme, une conduite droiture, et une piété solide.
La dévotion est un moyen pour cela ; elle n’est rien d’autre que la charité, celle du sentiment et des actes. Pas seulement en parole, du bout des lèvres, mais en acte et en verité. La dévotion est un point particulier d’entrée, un chemin vers les grands mystères de la foi, vers Dieu. C’est signe de maturité spirituelle d’en choisir une parmi celles que l’Eglise approuve et propose.
Le Sacré Cœur de Jésus demande plus que de la dévotion ; un culte. Un culte privé et public. Surtout, le Sacré Cœur de Jésus exige et demande… notre cœur ; pas seulement organe vital, mais aussi lieu intérieur, centre profond de vie psychique et spirituelle. Le siège de la connaissance, de l’affection, de l’amour et de la volonté. Il demande aussi… nos familles humaines ou spirituelles, nos œuvres, nos apostolats.
Dieu a droit de régner sur tout cela, et nous devons le servir avec tout cela. Nous n’avons qu’une seule chose à craindre et à éviter envers le Sacré Cœur ; ne pas répondre, ou pas maintenant, ou pas autant qu’Il appelle. Ne pas se donner, ou pas maintenant, ou pas autant que nous le pouvons.
Mon Fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux gardent mes voies[3].
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, toute ton âme, toute tes forces[4].
[1] Haurietis aquas, 1956.
[2] Dives in Misericordia, 1980.
[3] Proverbes, XXIII, 26.
[4] Deutéronome VI, 5 – et Marc XII, 30 / Matthieu XXII, 37.