Chers frères et soeurs,
« Je vous invite à renouveler votre ferme confiance dans le Seigneur et à vous sentir aimé de Dieu qui nous a montré son amour infini. Il guide et soutient toujours son Eglise. Ne perdons jamais de vue cette vision de foi. Gardons toujours cette joyeuse certitude. Je vous demande de vous souvenir de moi dans la prière… Que Dieu vous bénisse. Merci« .
Le Pape émérite Benoit XVI a rendu son âme à Dieu, après avoir reçu les derniers sacrements. « Sic transit gloria mundi… Ainsi passe la gloire du monde« . Il était de tradition de porter près du nouveau pape une mèche d’étoupe qui se consumait et tombait en cendres avant de s’éteindre. Comme son prédécesseur Saint Pie V, le pape aura su assumer la grandeur de sa charge, sans changer la simplicité et la modestie de son train de vie.
Il fut un pape d’enseignement. On venait voir St Jean Paul II, pape du geste. On venait écouter Benoit XVI, pape de l’enseignement. Il fut un veilleur, une sentinelle lucide de la foi de l’Eglise, fondement de son unité. Il a compris que le grand drame de notre temps était l’affaiblissement de la foi, le relativisme doctrinal et le subjectivisme moral; à chacun sa verité, à chacun sa vision du bien et du mal. Il a relevé le grand défi que la Providence lui confiait, selon les mots du Seigneur à St Pierre; » J’ai prié pour que ta foi ne défaille pas. Toi, une fois affermi, tu affermiras tes frères« . Ce défi était de restaurer l’annonce et la transmission de la verité révélée. Au centre, il voyait le Christ ressuscité, le Sauveur victorieux. « Nous sommes dans l’Eglise du Seigneur, nous sommes dans l’équipe qui gagne« . Cette fierté bien comprise d’être disciple du Ressuscité, il l’a ensuite insufflé de toute sa force à la génération qui vient.
Son oeuvre d’enseignement aura été marquée par les grandes encycliques sur la foi (Lumen fidei), l’esperance (Spe salvi), la charité (Deus caritas est).
Son itineraire spirituel aura été éclairé par 2 grands docteurs de l’Eglise; Saint Augustin et Saint Bonaventure. Homme d’étude et de prière, il avait cette capacité d’écouter d’abord, puis de parler ensuite. Lumineux, il savait éviter de briller, car il cherchait avant tout à éclairer. A son école, on devenait intelligent, plus éclairé dans la foi.
Très tôt, il aura perçu et vécu la liturgie comme source et sommet de la vie de l’Eglise – expression de la foi et univers du sacré. Une école de vie intérieure, théocentrique, sobre et majestueuse en même temps. Il sera parmi les premiers à dénoncer l’esprit de rupture aboutissant à l’effondrement de la liturgie de l’Eglise. Il soutiendra de même les prêtres et les fidèles attachés à la liturgie romaine codifiée au Concile de Trente, dans la pleine communion de l’Eglise. Il savait que la liturgie est la prière et la doctrine des humbles et des savants, des petits et des grands, des érudits et des simples. Mieux encore que les mots seuls, elle instruit et élève, elle touche et convertit, elle tourne vers le Seigneur dans son langage de beauté.
Enfin, il aura courageusement pris à bras le corps la réforme, non de l’Eglise mais de ses membres. Cette exigence de purification, de conversion, il l’aura poussé en particulier dans les terribles affaires de scandale, de contre exemples envers les enfants et les personnes fragiles. De ces petits le Seigneur a dit; « Malheur à qui en scandalise un seul!«
Il avait vu venir et préparé sa mort et son jugement. « Le Seigneur est mon juge, Il est aussi mon avocat« .
Comment ne pas être dans une certaine tristesse au moment de sa mort? Mais n’oublions pa »s le Nom qu’il est choisi. « Sibi nomen imposuit Benedicti ». Benoit, le béni de Dieu, l’homme de la paix. Comme le patriarche des moines d’Occident, St Benoit, il a cultivé la sagesse qui organise et replace toute chose par rapport à l’essentiel; la quête de Dieu. Il aura vécu, dans les contradictions, les incompréhensions et les oppositions, la béatitude des pacifiques. Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Si nous avons commencé par le De profundis et la voix triste du glas pour invoquer la miséricorde divine en faveur de son âme, nous terminons par le Te Deum de gratitude et de reconnaissance et la joyeuse volée des cloches. « In Te Domine speravi… En vous Seigneur j’ai mis mon esperance, je ne serai pas confondu pour toujours« .
Notre coeur est lourd; d’un côté lourd de tristesse, de larmes bien légitimes – mais aussi de l’autre côté, lourd de gratitude envers le Seigneur qui a donné à son Eglise un si grand et si humble chef visible.
« Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître« . Puisse l’âme de Benoit XVI entendre ces mots du divin Maître, en l’éternité!
Les obsèques du pape émérite auront lieu à la basilique St Pierre du Vatican, jeudi 5 janvier, à 9h30. Une messe de Requiem sera célébrée pour le repos de son âme, à St Aignan, à 17h30.