J’AI SOIF !
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, ainsi soit-il.
Mes bien chers frères,
Transportons-nous, une fois encore une fois, sur le calvaire, ce vendredi saint. Il est environ la 9° heure, environ 3 heures de l’après midi. Le Christ est élevé sur la croix depuis plus de 3 heures ; alors jaillit de ses lèvres ce cri ; « J’AI SOIF ! » Cette parole divine a été écrite sur les murs de toutes les chapelles des sœurs missionaires de la charité, à la demande de Mère Teresa. Elle était écrite, gravée dans le profond de l’âme de cette sainte. Dieu veut aussi l’écrire en nos âmes et nos vies.
Cette parole divine doit être reçue à 2 niveaux, en quelque sorte.
C’est la plainte du Christ torturé en sa sensibilité.
C’est la décision très sainte du Christ en sa volonté!
J’AI SOIF !
C’est la plainte du Christ torturé en sa sensibilité…
« Donne-moi à boire ». Comme au puit de Jacob, Notre Seigneur manifeste sa soif, pour montrer la verité de l’Incarnation, et la réalité de sa nature humaine. « Nous croyons de cœur, et affirmons l’incarnation du Fils…vrai Dieu, vrai Homme,…né de la Vierge Marie, …il a éprouvé la faim et la soif, la fatigue et le repos, il a souffert une vraie passion en sa chair », rappelait le pape Innocent III.
Il a éprouvé la soif…Mais sur le calvaire, quel tourment ! Ce n’est plus la soif du milieu du jour, du midi et de la chaleur, que la samaritaine étanchait avec l’eau du puit. Il y a là une autre soif, une autre brûlure, un autre midi, un milieu de l’histoire du salut.
Les médecins qui soignent de grands blessés ayant perdu leur sang en abondance connaissent bien ce symptôme ; une soif douloureuse, un feu ardent qui brûle et dévore le patient. Au dire des auteurs et historiens, c’était le pire tourment de la crucifixion.
Or Jésus est dans les tourments de sa passion depuis la veille… Il a respiré l’âcre poussière du chemin…Il perd et donne goutte à goutte son sang précieux par les déchirures de la flagellation, les arrachements de son vêtement, les ouvertures des clous… il est privé d’eau, et a refusé le breuvage euphorisant et analgésique du vin mêlé de myrrhe.
J’AI SOIF !
Ce cri manifeste aussi la sainte décision du Christ en sa volonté parfaite.
La soif exprime dans le langage humain la véhémence d’un désir, rappelle St Thomas d’Aquin. On compare souvent la soif à un feu qui consumerait de l’intérieur…c’est une image. Mais ici, c’est plus qu’une image.
Car ce qui consume Notre Seigneur sur la croix, c’est un ardent désir de charité.
Ce désir de charité le consume autant que la soif physique…et même bien plus encore.
La soif de la volonté de Dieu, voilà ce qui consume le Christ. « Mon Père que votre volonté soit faite, et non la mienne ».
Et qu’est-ce que Dieu veut ? C’est le salut des âmes ; Saint Paul l’affirme clairement « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la verité ».
La soif du salut des âmes, voilà le feu qui brûle l’âme très sainte de Jésus.
L’éloignement et la perte des âmes, voilà ce qui tourmente l’âme de Jésus.
Or, le chrétien doit être un autre Christ, il doit avoir en lui les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus.
Donc le chrétien doit rechercher cette conformité de pensée et de désir avec le Christ,
Et il doit partager ce zèle pour les âmes, il doit être assoiffé de leur salut, et tourmenté de leur perte.
– C’est pour sauver nos âmes que Jésus a souffert la soif terrible de la croix. La soif de notre salut l’ a poussé à accomplir
– C’est pour sauver son âme et l’âme du prochain que l’on accepte les exigences de la loi du Christ, si contraires à l’esprit du monde !
– C’est pour sauver son âme que l’on assume joyeusement les devoirs de son état !
Un prêtre doit avoir soif du salut des âmes qui lui sont confiées..
Des parents doivent avoir soif du salut des âmes de leurs enfants…et cela vaut, en retour, pour les enfants.
Un chrétien doit avoir soif du salut de son prochain.
Voici ce qu’écrivait une âme consacrée ; « je voyais, par une certitude intérieure, les démons triompher de ces pauvres âmes, qu’ils ravissaient au domaine de Jésus Christ, notre divin Maitre et souverain Seigneur, qui les avait rachetés de son sang précieux. Terrible certitude ; « quoique Jésus Christ fut mort pour tous, tous ne vivaient pas. ». Conséquence ; « il fallait encore conquerir toutes ces âmes que je portais et lui présentais ; je les lui demandais toutes pour Jésus Christ auquel, de droit, elles appartenaient ».
Partager le Sitio, la soif de Jésus, ne conduit nullement à une tristesse purement sensible et inefficace, mais au désir de gagner les âmes à Jésus Christ.
Elle nous éclaire sur le mystère de notre rédemption ; mes fautes d’aujourd’hui ont causé les tourments de Jésus sur la croix… Et aussi ; mes réparations d’aujourd’hui, la prière, la pénitence de ce temps de Carême, le plus petit acte de charité, tout cela lui a apporté quelque consolation.
J’ai soif ! Cette soif des âmes, cette soif du divin maitre ne s’éteindra pas avant la fin des temps, avant l’achèvement de l’histoire du salut.
J’ai soif ! Voici la consigne du divin Maitre sur la croix ; voici le secret de tout apostolat fécond, de toute vie chrétienne authentique.